Une plateforme en voie d’amélioration, mais qui peut encore mieux faire. Comme chaque année depuis le lancement de Parcoursup, en 2018, le Comité éthique et scientifique de la plateforme d’orientation post-bac (CESP) fait le point. Le but : améliorer la procédure d’admission des bacheliers dans l’enseignement supérieur qui peuvent se sentir perdus parmi les 23 000 formations que compte la plateforme.
Dans un rapport de 128 pages publié lundi 4 mars, cette instance indépendante constate une amélioration “à la fois dans l’image, l’utilisation” et “une appropriation plus grande par les lycéens et plus largement par l’ensemble des utilisateurs de la plateforme”. Cependant, Parcoursup souffre encore d'une “image brouillée vis-à-vis du grand public qui la résume fréquemment à un simple algorithme”, souligne le Comité.
Celui-ci dresse une liste de 22 recommandations au ministère de l’Enseignement supérieur. Parmi les grands axes d’amélioration : l'encadrement des formations privées ou l’harmonisation des notations de contrôle continu. On fait le point.
"Les lycéens sont mieux renseignée et se projettent beaucoup plus tôt"
Les formations privées dans le viseur
Alors que l’enseignement supérieur privé attire de plus en plus d’étudiants, notamment en apprentissage, le Comité éthique et scientifique de Parcoursup recommande d’encadrer ces formations payantes. Pour éviter les abus et pratiques parfois douteuses, l’instance propose quelques pistes d’amélioration, valables également pour les cursus publics :
- Établir plus de critères (date de création de la formation ; nombre d’inscrits en première année, organisation des enseignements, poursuite d’études possibles…) pour éclairer les candidats sur les qualités des formations.
- Mettre en place un label, délivré par le ministère de l’Enseignement supérieur, dès le printemps prochain, pour certifier les formations, selon ces critères pré-définis. Jusqu’à présent, le logo mis en place pour indiquer la nature du diplôme et ses débouchés montre très peu d’efficacité, selon le Comité.
- Renforcer les contrôles et sanctions : les cursus étant rarement contrôlés, “on a constaté, notamment sur les BTS, que parfois le programme d’enseignement n’avait pas été suivi et que la formation dispensée n’avait pas été vérifiée en amont”, écrit le Comité. Pour ce faire, il faudrait plus de moyens humains, souligne le rapport.
- Bannir certaines formations de Parcoursup. Une mesure qui n’est pour le moment pas possible, seule une modification législative permettrait d’exclure certains cursus de la plateforme.
Quelques chiffres sur les formations privées en France
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Plus de transparence et harmonisation des notes du contrôle continu
D’une manière générale, l’instance recommande “plus de transparence dans les critères quantitatifs utilisés pour le pré-classement des candidats, y compris la prise en compte des spécialités”. Cela permettrait aux candidats de postuler en connaissance de cause, surtout s’ils ne suivent pas les spécialités recommandées pour une formation en particulier.
Autre point évoqué parmi les 22 propositions : l’harmonisation des notes du contrôle continu entre professeurs et entre lycées. Alors que les épreuves de spécialités auront lieu en juin cette année, les notes de ces examens passeront à la trappe dans les dossiers Parcoursup. Ce seront donc les notes du contrôle continu qui primeront. Une situation qui crée une “inéquité” entre les candidats, selon le Comité qui suggère de “construire et diffuser des banques d’épreuvesstandardisées pour les lycées, former les enseignants à les utiliser pour noter leurs élèves de façon plus harmonisée dans les dossiers Parcoursup”.
Sylvie Retailleau veut "faire le ménage" dans les labels
Aider les familles à mieux s'y retrouver dans la jungleParcoursup. C'était le thème central débattu au Sénat, deux jours après la parution du rapport du CESP, entre les élus et la ministre de l'ESR, Sylvie Retailleau. S'appuyant sur les recommandations du rapport, les sénateurs ont appelé à plus de transparence dans les critères de sélection et à un meilleur encadrement des formations privées. Ils se sont accordés sur "l'urgence" à définir, en accord avec le gouvernement, des "critères de labellisation, de régulation, de contrôle" sur Parcoursup.
Un appel entendu par la minitre Sylvie Retailleau. "De nombreux labels existent. Nous allons peut être faire un peu le ménage, préciser ce qu'ils veulent dire", a-t-elle annoncé. Si publication de ces critères est attendue "dans les semaines à venir", la "mise en oeuvre va prendre un peu de temps", a-t-elle prévenu. Un travail de transparence qui doit être renforcé sur l'offre privée, selon la ministre. "Nous devons mieux réguler ce secteur pour apporter des garanties sur cette qualité des formations".
A la question des sanctions réclamées par certains sénateurs, en cas de non-respect de la charte Parcoursup, Sylvie Retailleau répond que son ministère travaille sur des "outils juridiques qui permettront éventuellement de déréférencer une formation".