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“Nos études ne leur serviront pas à détruire la planète” : des étudiants se mobilisent contre EACOP

Ce mercredi 26 avril, une mobilisation étudiante s’est déroulée simultanément dans plusieurs grandes écoles parisiennes. Les étudiants de Polytechnique, HEC, les Mines ou encore de Sciences Po dénoncent le mégaprojet pétrolier Eacop mené par TotalEnergies et militent pour plus de justice sociale.
Mis à jour le / Publié en avril 2023
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© Diplomeo

Dans un contexte d’inflation, un sondage Ifop réalisé pour la Fondation de France révèle que le réchauffement climatique est la deuxième préoccupation des 18-25 ans, juste derrière le pouvoir d’achat. L’intérêt des jeunes pour le climat n’est donc pas en reste, alors même qu’ils sont frappés de plein fouet par un phénomène de paupérisation

Ce mercredi 26 avril, une mobilisation simultanée s’est déroulée dans plusieurs grandes écoles de la capitale. Le mouvement estudiantin est encore naissant et ne possède pas encore de pages sur les réseaux sociaux. Étudiants à Polytechnique, CentraleSupélec, HEC ou encore Sciences Po : ils ont montré leur désaccord envers le projet pétrolier Eacop, mené par le groupe TotalEnergies. Ces derniers ont également souhaité faire passer un autre message : « Nous avons fait les mêmes écoles. Nous ne ferons pas les mêmes carrières »

À cette occasion, Diplomeo a échangé avec Victoria et Adrien, deux étudiants de l’école des Mines de Paris, qui se sont réunis devant la Maison des Mines et des Ponts pour distribuer des tracts et sensibiliser leurs camarades au sujet.

Le projet de forage EACOP de TotalEnergies : une « bombe carbone » à contre-courant de la justice climatique ?

Contenir le réchauffement mondial à une température moyenne comprise entre 1,5 °C et 2 °C d’ici à l’an 2100 : c’est ce à quoi s’engage la grande majorité des pays du monde, dont la France avec l’Accord de Paris de 2016. Néanmoins, plusieurs « bombes carbones » ou « bombes climatiques », chantiers appelés ainsi, car ils contribuent de façon exponentielle à la hausse des gaz à effet de serre (GES), s’apprêtent à enrayer durablement ces accords.

Parmi les plus décriés, le projet Eacop, porté par la multinationale française TotalEnergies. Il consiste en la construction d’un oléoduc souterrain chauffé à 50 °C et qui devrait s’étendre sur plus de 1440 kilomètres entre l’Ouganda et la Tanzanie : le plus long du monde. 

Face à ce que l’association Les Amis de la Terre (FoE) appelle une « aberration environnementale », une partie de la communauté estudiantine réclame la justice climatique. Elle tire notamment la sonnette d’alarme sur les conséquences terribles que devrait avoir le projet pétrolier sur les populations et la faune, ainsi que la flore africaines concernées. Ce n’est pas moins de 34 millions de tonnes de CO2 qui devraient être relâchées chaque année avec Eacop. 

La production est prévue pour 2025, mais de nombreuses voix s’élèvent contre le projet, à commencer par celle des étudiants. La mobilisation estudiantine Stop EACOP a eu lieu à une date symbolique, un mois avant la prochaine Assemblée  générale de l’entreprise sous les feux de la rampe, qui doit avoir lieu le 26 mai prochain. « Ce projet qui vise à produire des énergies fossiles intervient alors même que l’Agence internationale de l’énergie a clairement appelé en 2021 à ne plus investir dans des chantiers d’extraction fossile », rappelle Victoria.

L’année dernière déjà, la réunion d’actionnaires avait été perturbée par plusieurs ONG présentes sur place. Pour cette nouvelle édition, des actionnaires de TotalEnergies prévoiraient d’obliger le groupe à mettre sur la table des objectifs climatiques concrets qui s’alignent sur l’Accord de Paris.

De plus en plus d’étudiants disent non aux entreprises climaticides pour leur future carrière

Pour un nombre grandissant d’étudiants, il est hors de question de faire carrière dans des entreprises ayant un impact mortifère sur les droits humains et la biodiversité. « Aujourd’hui, on se rassemble aussi pour signer notre engagement de ne pas travailler pour des entreprises qui sont responsables de bombes climatiques. », déclare la jeune étudiante. « On est plusieurs à vouloir donner un sens à notre futur métier. »

Au cœur de leurs dénonciations également, « l’hypocrisie » des grandes entreprises quant à leur positionnement vis-à-vis du changement climatique. « En avançant, à tort, qu’elles investissent massivement dans les énergies renouvelables et respectent scrupuleusement les recommandations du GIEC (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les entreprises essayent d’attirer des ingénieurs qui ont de bonnes intentions et espèrent mener une carrière morale. », assène-t-elle. 

Pour ces étudiants de grandes écoles, refuser un emploi dans des groupes qui œuvrent à l’encontre de la justice sociale et climatique, c’est le cœur même de leur pouvoird’agir. Pour Adrien, c’est plutôt au sein de « start-ups, ONG et ministères », par exemple, qu’il a plus de chance de donner du sens à son travail.

Les étudiants ne se bercent pourtant pas d’illusions. Ils gardent en tête que les entreprises ont un devoir de rentabilité. Ils appellent néanmoins les gouvernements à mieux accompagner les entreprises dans leur transition écologique. Pour eux, la responsabilité des pays développés est aussi envers les pays du sud. « Aujourd’hui, nos gouvernements ferment les fenêtres échappatoires des pays comme la Tanzanie et l’Ouganda en les poussant à polluer pour notre profit », avise le jeune homme. « Il faudrait plutôt que nos pays contribuent à leur transition économique et écologique progressive ».

Le 28 février dernier, le tribunal de Paris a jugé « irrecevables » les demandes de plusieurs Organisations non gouvernementales (ONG) françaises et ougandaises pour suspendre le projet Eacop. Cependant, cette décision ne sonne pas le glas des protestations des étudiants engagés dans le mouvement climat et les autres militants. Ces derniers comptent bien participer aux mobilisations prévues pour le 26 mai prochain, à l’occasion de l’assemblée générale du groupe. Le mouvement porté par plusieurs acteurs est présent sur les réseaux sociaux avec le hashtag #StopEacop.

La crise climatique : source d’action plutôt que de pétrification chez les jeunes ?

Cette nouvelle mobilisation pour le climat témoigne bien de la préoccupation de nombreux jeunes pour le sujet. 9 jeunes sur 10 expriment de grandes inquiétudes face à la question climatique, selon l’étude Ifop. Le même nombre pense que les entreprises devraient être exemplaires dans leurs pratiques. Le pouvoir d’agir : 8 jeunes sur 10 estiment pouvoir l’incarner pour faire avancer la cause et rendre compte de l’urgenceclimatique. Pour Adrien, en se mobilisant ainsi, les futurs diplômés mettent un « premier coup de pied dans la fourmilière » des grands groupes.

La capacité de faire bouger les choses se traduit dans l’adoption de modes de consommation responsables pour la majorité, dans le renoncement à faire des enfants plus tard pour beaucoup, ainsi qu’au travers de leurs mobilisations toujours plus denses.

À l’image des grèves étudiantes inspirées par Greta Thunberg, la figure emblématique des jeunes face au climat, les levées de boucliers estudiantines pourraient reprendre dans l’Hexagone. Les journées du 15 et 16 mars 2019 avaient rassemblé 168 000 et 350 000 personnes dans tout le pays, à l’occasion de la première journée mondiale de grève scolaire pour le climat et de la « Marche du siècle ». Avec l’épidémie de COVID-19, les démonstrations de force s’étaient essoufflées, avant de reprendre progressivement, soutenues par la communauté scientifique.

Rassemblements, marches, blocages… pour les étudiants qui militent pour le climat, tous les moyens sont bons pour dénoncer l’inaction climatique face aux rapports criants du GIEC, à l’instar de la démonstration d’aujourd’hui. Les mobilisations de la jeunesse pour le climat reprendront-elles de plus belle, dans un contexte déjà très mouvementé suite à la promulgation de la réforme des retraites ? Seul l’avenir le dira.

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