Élèves, parents et profs : tous sont du même avis. En Europe, les acteurs du système éducatif souhaitent une évolution de l’école face aux nouveaux enjeux technologiques, mais les choses évoluent encore trop lentement. Voici la conclusion de l’étude GoStudent sur l’éducation du futur 2025.
« L’éducation ne peut pas se permettre d’évoluer contre la technologie. Au contraire, elle doit avancer avec elle », explique la plateforme spécialisée dans les cours particuliers à l’origine du rapport. Ce dernier réunit les réponses de près de 6000 parents et enfants (10-16 ans) et d’environ 300 profs d’Autriche, d’Allemagne, d’Espagne, de France, d’Italie et du Royaume-Uni.
En ligne de mire, pour l’écrasante majorité des sondés (74 %) : les outils de l’intelligence artificielle, auxquels les enfants ne sont pas suffisamment préparés. « Nous ne devons pas interdire les outils d’IA, mais apprendre aux enfants à les utiliser, tout en réévaluant en profondeur les méthodes d’évaluation », résume l’étude. On fait le point sur les pistes évoquées.
Les maths et l’informatique : des enseignements trop éloignés de la réalité
Certaines matières sont désormais considérées comme inadaptées à leurs objectifs, selon près d’un tiers des professeurs français et européens interrogés, en particulier les maths et l’informatique. Les professionnels de l’éducation trouvent en effet que l’enseignement de ces matières est trop éloigné de la réalité de notre monde connecté. Ils suggèrent d’intégrer dans les programmes de ces matières l’IA et la cybersécurité.
Quelles matières sont encore pertinentes à l’ère de l’IA ? Pour les enseignants, l’IA redéfinit la pertinence de certaines matières :
Source : étude Gostudent sur l’éducation 2025 |
Quant aux compétences « non techniques », telles que la communication, la pensée critique, l’éducation financière, à la santé ou encore la gestion du stress, la majorité des parents et professeurs s’accordent à dire qu’elles devraient être enseignées dans les écoles. Le but : répondre aux nouveaux enjeux technologiques, mais aussi à l’anxiété inédite vécue par la jeune génération.
Comment en faire son alliée dans ses études… sans se faire piéger ?
Les méthodes d’évaluation classiques désormais obsolètes ?
Les parents, professeurs et élèves interrogés par l’étude considèrent les méthodes d’évaluation classiques, comme les dissertations ou les examens écrits, dépassés. En plus de ne solliciter que la mémoire des élèves et de créer un stress inutile, ceux-ci laissent place à de la triche, ne mesurent pas les bonnes compétences ou sont tout bonnement obsolètes au regard de la technologie, pointent les sondés.
Ainsi, 62% des parents estiment ainsi que de nouvelles méthodes d’évaluation sont nécessaires. 16% des enfants reconnaissent en effet utiliser l’IA pour rédiger leurs dissertations. 21% d’entre eux admettent recourir à l’IA pour réussir leurs examens (un chiffre qui monte à 26% des élèves français), mais 28% de ceux-ci soulignent que c’est pour améliorer leur travail, et non pour tricher.
Depuis l’IA, un boom de la triche ? Pas vraiment, rétorquent les scientifiques Une étude menée par Stanford en 2023 montre que si l’IA peut offrir de nouveaux moyens de tricher, le taux réel de fraude reste relativement stable depuis plus de 15 ans : 60 à 70% des élèves admettent avoir triché au moins une fois au cours du mois précédent. |
Pour remplacer les examens, 3/4 des professeurs des pays sondés s’accordent sur l’efficacité d’une méthode : celle de l’évaluation par la simulation. Cette méthode, qui existe déjà dans le secteur de la santé, consiste à tester les élèves dans le cadre d’un scénario simulé nécessitant une prise de décision et une réflexion critique.
D’autres pistes sont évoquées pour faire évoluer les modes d’évaluations :
- l’évaluation par portfolio numérique constitué par les élèves (69% des profs)
- l’évaluation par les pairs et l’auto-évaluation (67%)
- l’analyse des apprentissages (66%) grâce au big data, qui permet d’évaluer l’ensemble du travail d’un élève sur des plateformes numériques
- l’évaluation par tests adaptatifs basés sur l’IA (63%)
Une formation insuffisante à l’IA des élèves… mais aussi des profs !
L’étude révèle également qu’en Europe, 3/4 des profs ne bénéficient d’aucune formation sur l’IA, bien que 56 % d’entre eux en réclament, affirmant qu’une approche associant l’enseignement humain et l’IA aiderait les enfants à mieux apprendre. Un manque de connaissance de la part des enseignants qui freinent les élèves dans leur appréhension des outils d’IA. 62% d’entre eux indiquent d’ailleurs souhaiter que leurs profs en sachent plus sur l’IA, et à peu près autant disent la même chose de leurs parents (57 %).
Mes les jeunes n’attendent pas leurs professeurs ou leurs parents pour se former à l’intelligence artificielle. Un quart des élèves a actuellement recours à des sources en ligne, telles que les réseaux sociaux pour se former par eux-mêmes.
Comment les enfants se forment à l’IA ?
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Une proportion qui varie selon les pays : au Royaume-Uni, les enfants sont plus susceptibles de s’initier par eux-mêmes à l’IA. Dans d’autres pays, comme l’Allemagne et la France, ils ont davantage tendance à se tourner vers leurs parents pour obtenir des conseils et ont moins le réflexe de faire appel aux professeurs, ce qui met en évidence une « lacune dans le rôle que jouent actuellement les écoles pour préparer les élèves à un avenir technologique », souligne l’étude.