Les étudiants qui rêvent d’intégrer une école d’ingénieurs à la rentrée prochaine risquent d’avoir une mauvaise surprise. Les frais d’inscription des écoles d’ingénieurs françaises publiques, jusqu’ici abordables, devraient augmenter de manière significative.
En effet, selon les informations du Parisien, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche envisage d’augmenter les frais de scolarité à un niveau deux à trois fois plus élevé qu’aujourd’hui. Les INSA, les Polytech et les écoles du réseau Centrale pourraient être concernées.
Hausse des coûts de fonctionnement et fragilités budgétaires
Jusqu’à présent, les écoles d’ingénieurs publiques proposent des frais d’inscription assez abordables pour leurs étudiants. Pour un peu plus de 600 euros annuels, il est possible d’accéder à une formation en école d’ingé, largement financée par l’État. Selon un directeur, les frais de scolarité en école d’ingénieurs ont très peu évolué en vingt ans, passant de 473 euros en 2005 à 601 en 2025 (+27%).
Mais ce modèle, envié et largement cité en exemple, semble aujourd’hui fragilisé. Les raisons ? L’inflation, la hausse des coûts de fonctionnement et une baisse des dotations publiques, les établissements peinent à boucler leurs budgets.
Une « fragilisation croissante »
À l’occasion de sa conférence de presse de rentrée le 15 octobre dernier, la Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs (CDEFI) alertait sur une rentrée « charnière », marquée par une « stabilité des objectifs » mais une « fragilisation croissante » du modèle des établissements.
« La filière ingénierie fait face à des défis historiques : elle est très attendue par les entreprises et nous avons à cœur de répondre à leurs besoins mais paradoxalement, nous n’avons pas les moyens en face », renchérit Carole Deumié, la vice-présidente de la CDEFI et directrice de Centrale Marseille auprès du Parisien.
Ainsi, certains directeurs d’écoles plaident pour un rééquilibrage. Leur argument : le fait que les étudiants mettent davantage la main au portefeuille leur permettrait d’investir dans de nouveaux équipements et de soutenir les projets de recherche. « Ce que demandent les écoles, c’est de faire évoluer le système. L’idée n’est pas de faire payer tout le coût de la formation aux familles parce que nous restons attachés à notre mission de service public, mais il faut trouver un équilibre », ajoute la vice-présidente de la CDEFI.
Une annonce encore en phase de concertation
Si l’annonce n’est pas officielle et fait encore l’objet de concertation entre les différents acteurs, les syndicats étudiants ont d’ores et déjà réagi. Pour eux, la perspective d’une facture doublée ou triplée peut changer la donne et un tel virage peut aggraver les inégalités sociales. « Les écoles publiques se tirent une balle dans le pied », ajoute le président du Bureau national des élèves ingénieurs (BNEI), dans les colonnes du journal francilien.
Alors que le coût de la formation augmente sans que les bourses ne suivent, certains jeunes pourraient renoncer à faire des études supérieures ou se diriger vers des formations universitaires moins diplômantes. Le représentant étudiant appelle le ministère à instaurer un véritable cadrage national pour éviter toute dérive entre les écoles. Sans cela, prévient-il, « ce sera catastrophique », tout en confiant sa crainte qu’à terme, l’État se désengage totalement des écoles d’ingé sur le financement des frais d’inscription.






