Le grand oral du bac, nouvelle épreuve phare de la réforme du baccalauréat initiée par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, aura lieu en présentiel entre le 21 juin et le 2 juillet prochain. L’épreuve se tient à la fin de l’année de terminale et concerne les bacheliers généraux et technologiques. Elle dure au total 40 minutes, avec 20 minutes de préparation et 20 minutes d’oral devant un jury et compte pour 10 % de la note totale du baccalauréat.
Qu’est-ce que le grand oral du bac ?
Cette nouvelle épreuve doit permettre au lycéen d’évaluer ses compétences orales et sa capacité à argumenter et à déployer une réflexion. Elle se déroule en trois temps. Premièrement, chaque candidat prépare à l’avance deux questions avec ses enseignants, sur les deux spécialités qu’il a choisies en classe de première. Au moment de l’épreuve, l’élève présente ses deux questions qu’il a préparées tout au long de l’année de terminale et le jury choisit une question sur laquelle portera l’examen.
Puis, l’élève a vingt minutes de préparation pour constituer un support et son plan. Il passe ensuite à l’oral pendant dix minutes pour développer son plan, élaborer son argumentation et répondre à la question posée. Enfin, pour les 10 dernières minutes de l’épreuve, il faut également montrer en quoi cette question peut servir de projet d’orientation pour l’élève, qu’il soit scolaire ou professionnel.
Des aménagements prévus dûs à la crise sanitaire
En raison de la crise sanitaire, des aménagements ont été prévus pour le grand oral. C’est ce qu’avait annoncé le ministre de l’Éducation nationale le 5 mai dernier. Des aménagements qui ont été confirmés ce mercredi 2 juin par Édouard Geffray, directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco), lors d’une conférence de presse sur le baccalauréat 2021. Ainsi, l’élève pourra « disposer des notes » qu’il aura rédigées « lors de la préparation de vingt minutes », apporter au jury un « descriptif » des programmes qui « n’auront éventuellement pas pu être étudiés » pendant l’année. Enfin, le candidat aura la possibilité de bénéficier d’un « support » comme un tableau, pour « illustrer ou expliciter ses propos ». L’élève sera uniquement interrogé sur la thématique qui l’a choisie.
Pour rappel, cette année, 82 % du baccalauréat sera obtenu en contrôle continu. Les épreuves de spécialité ont été supprimées et seuls l’épreuve de philosophie et le grand oral ont été maintenus. « Un protocole sanitaire strict sera soumis pour les épreuves écrites et orales » a affirmé Édouard Geffray, avec le « port du masque obligatoire ». De plus, les salles d’examen seront aérées entre chaque épreuve et l’utilisation du gel hydroalcoolique sera « systématiquement demandée ». Si un élève ou un personnel ressent des symptômes liés au Covid-19, ce dernier sera « immédiatement » isolé. Le ministère de l’Éducation nationale rappelle que les consignes pourront être modifiées d’ici le jour des épreuves, si la situation épidémique le permet.
Une préparation de l’épreuve qui diffère selon les établissements
Tandis que l’épreuve approche à grands pas, la préparation est différente selon les établissements. Certains syndicats d’enseignants parlent d’une préparation inégale entre les établissements et parfois même, très insuffisante. Quand certains lycées proposent des séances d’entraînement au grand oral, comme des oraux blancs assurés par des professeurs des matières de spécialités par exemple, d’autres n’en proposent pas du tout.
Nathan, élève de terminale à Haguenau (Bas-Rhin) affirme que dans son établissement, l’épreuve du grand oral a seulement été abordée en classe, mais qu’aucune séance de préparation n’a été prévue pour les élèves. « On n’a pas d’heure dédiée à préparer ce grand oral, on n’a pas non plus de consignes précises, les profs ne savent pas quoi faire pour nous y préparer » explique-t-il.
« Je reste mitigé puisque concrètement, rien ne change mis à part qu’on a le droit à une petite feuille de note, qui est réalisée pendant le temps de préparation et non à la maison » poursuit le lycéen. De son côté, Manon, lycéenne de 18 ans dans l’académie de Lille, s’inquiète pour le grand oral et que les objectifs de l’épreuve n’apportent rien de concret. « Ce sont des choses que nous allons devoir apprendre par cœur, c’est du bourrage de crâne », ajoute-t-elle, en martelant que les mesures du ministère sont de « maigres aménagements pour se montrer compréhensif, en apparence ». Son établissement propose deux heures d’entraînement pendant les heures de cours dédiées aux spécialités pour se préparer le Jour J, mais malgré cette instauration, elle reste anxieuse et peu sereine.
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Une course contre la montre qui agite les élèves et les enseignants
Et pour cause, la crise sanitaire liée au Covid-19 a fragilisé l’année de terminale de ces élèves qui, avec les confinements et cours en distanciel successifs, se retrouvent livrés à eux-mêmes. Nathan, qui a choisi SES et LLCE Anglais comme spécialité, n’a trouvé que des tutos sur YouTube pour se préparer. « Je vois un peu le temps que je dois mettre entre chaque partie, comment organiser mon plan, mais ça ne m’a pas aidé à être moins stressé », affirme-t-il.
Manon, qui a opté pour des spécialités plus scientifiques avec de la SVT et des mathématiques, a essayé d’acheter plusieurs livres pour s’entraîner, « sans grande conviction », mais elle n’est pas pour autant rassurée. « Ma santé mentale n’a jamais été aussi basse », avoue-t-elle.
Par ailleurs, les enseignants ne sont pas plus avancés que les lycéens. Alors que les consignes de l’épreuve parviennent timidement dans les établissements, ou par l’intermédiaire d’informations parsemées sur les réseaux sociaux ou dans les boîtes mail, la communauté éducative essaye tant bien que mal de faire avec ses propres moyens. « Beaucoup d’élèves ne sont pas au point sur leurs questions et ne programme n’est pas terminé » indique un enseignant. « C’est peu anarchique », poursuit-il, car « nous faisons passer des oraux de manière informelle avec quelques élèves ». L’enseignant indique aussi que, pour l’heure, aucune convocation n’a été reçue à trois semaines du top départ de l’épreuve.
Les élèves se rendront à l’épreuve avec un goût amer, car ils ne comprennent pas pourquoi celle-ci n’a pas été annulée, comme toutes les autres. Pour eux, la bienveillance accordée par le ministère pour le grand oral ça « n’est pas suffisant » pour réussir. « Je trouve que Jean-Michel Blanquer ne prend pas très au sérieux la situation dans laquelle on est, il veut se satisfaire de sa réforme pour ne pas avoir un bac 100 % contrôle continu », précise Nathan. « Je pense sincèrement saturer et finir par y aller totalement dépitée et en priant très fort », renchérit Manon. « Cela fait un an qu’on souffre, j’utilise le peu d’énergie qu’il me reste, mais je n’en ai plus suffisamment pour être un bon cobaye », conclut-elle.