À six semaines du coup d’envoi de la session 2021 du baccalauréat général et technologique, les lycéens sont à bout de souffle. Et pour cause, un certain nombre d’entre eux réclament une annulation totale des épreuves du bac. La rentrée des lycéens s’est effectuée ce lundi 3 mai, en demi-jauge pour les départements les plus touchés par le Covid-19. Une reprise sur fond de blocus et de contestations.
En effet, deux syndicats lycéens, le Mouvement national lycéen (MNL) et l’Union nationale des lycéens (UNL) ont appelé à des mobilisations dans les lycées franciliens. Ils dénoncent, à travers le hashtag #BacNoir sur les réseaux sociaux, les inégalités face aux épreuves. Les lycéens sont aussi soutenus par leurs camarades de BTS qui, eux aussi, réclament l’annulation de leurs épreuves et la validation du contrôle continu.
Les aménagements proposés par Jean-Michel Blanquer
Invité du 20 heures de France 2 le 5 mai dernier, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé des aménagements pour les épreuves du baccalauréat 2021. Tandis que le contrôle continu compte cette année pour 82% pour la note, les épreuves maintenues correspondent aux 18% restants. Retour sur les aménagements prévus.
Épreuve de philosophie : “On maintiendra la meilleure des deux notes”
En ce qui concerne la traditionnelle épreuve de philosophie qui se déroulera le 17 juin prochain, le ministre a précisé que l’épreuve est maintenue. “On maintiendra la meilleure des deux notes entre le contrôle terminal et le contrôle continu” explique-il. Autrement dit, seule la meilleure des deux notes sera prise en compte pour le candidat. De plus, l’épreuve de philo comptera quatre sujets au choix, au lieu de trois habituellement.
La nouvelle épreuve du grand oral est maintenue
Le ministre s’est également exprimé sur le grand oral, la grande nouveauté du bac nouvelle formule. Comme pour la philosophie, le grand oral est maintenu. “Ce serait plus facile d’un point de vue pratique de l’annuler” justifie Jean-Michel Blanquer, avant d’ajouter “mais je pense que c’est bon pour les élèves de s’exercer à cela (...) savoir argumenter, savoir écouter, être capable de parler tout simplement”. Le ministère a donc décidé d’aménager l’épreuve : le jour J, le candidat pourra venir avec une lettre de son enseignant qui atteste les parties du programme qui n’ont pas été traitées. L’élève pourra ainsi choisir entre deux sujets sélectionnés par le jury.
Un double choix pour l’oral de français
Pour l’épreuve orale anticipée de français en classe de première, le ministre a décidé un nouvel aménagement pour aider les élèves. Pour rappel, en janvier dernier, le nombre de textes à étudier pour l’oral avait diminué, passant de 20 à 14 pour les lycéens en filière générale et de 12 à 7 pour les technologiques. Jean-Michel Blanquer a indiqué que les sujets seraient dédoublés. L’élève aura donc le choix entre deux textes sélectionnés par le professeur, afin de sélectionner le texte qu’il aura le mieux préparé.
De nombreux lycéens ne sont pas convaincus par les aménagements du ministre
Néanmoins, les annonces de Jean-Michel Blanquer n’ont pas suffi à apaiser la colère des lycéens. Avec la crise sanitaire liée au Covid-19, les élèves estiment que l’obtention du diplôme sera difficile. Ils parlent aussi des inégalités de programme, quand certains élèves ont maintenu les cours à 100% en présentiel quand d'autres ne bénéficient que des cours à distance. “D’accord, on va avoir deux notes pour la philosophie et la meilleure sera prise en compte mais encore une fois ça n’enlève pas le problème de l’égalité” tempête un lycéen d’Antibes, sur France 3.
De même, une pétition adressée au ministère a été lancée pour réclamer le contrôle continu complet des épreuves du bac et du brevet. Cette pétition a récolté à ce jour près de 240 000 signatures !
Des blocus se poursuivent aujourd’hui dans toute la France. Au lycée Victor-Hugo dans le troisième arrondissement de Paris, des violentes altercations entre les élèves et les forces de l’ordre ont eu lieu ce matin pour débloquer l’établissement. Des enseignants se sont joints aux lycéens pour les soutenir.
L’intervention policière se poursuit au Lycée Victor Hugo. Les lycéens et les professeurs qui les soutiennent ont finalement été repoussés et l’établissement débloqué. #Bac2021#BacNoir#baccalaureat#Parispic.twitter.com/CRultpO9dq
— Yazid Bouziar (@ybouziar) May 7, 2021
L’UNL appelle à un blocage massif lundi 10 mai
L’UNL, syndicat lycéen en première ligne, exprime également son désaccord avec les aménagements de Jean-Michel Blanquer. “C’est une réponse très insuffisante qui ne nous convient pas. Elle est, au contraire, l’aveu que les notes de l’épreuve finale seront mauvaises, pour beaucoup d’élèves” a indiqué Elie Saget, vice-président du syndicat lycéen, dans un entretien au Parisien. “Il s’agit pour le ministre de ne pas faire sombrer sa réforme du baccalauréat dont c’est le baptême du feu”.
L’UNL appelle les élèves à une mobilisation massive, le lundi 10 mai prochain. Son président, Mathieu Devlmanick souhaite continuer “de mettre un rapport de force à Jean-Michel Blanquer (...) qui ne nous reçoit pas”. Il appelle à “une marée noire lundi pour continuer à demander un baccalauréat égalitaire pour tous”.
Mobilisation de la #FCPE • 5 mai à Paris .@MathieuDevlami2@UNLnational« On appelle à une marée noire lundi pour continuer à demander un baccalauréat égalitaire pour tous ». pic.twitter.com/0eO9XZ8XxP
— FCPE_nationale (@FCPE_nationale) May 6, 2021