Tandis que le gouvernement a choisi de maintenir les épreuves de BTS en présentiel, les étudiants et les personnels expriment leur mécontentement et leurs inquiétudes. Ils se sentent en danger et estiment que les conditions sanitaires ne sont pas réunies pour passer les épreuves dans de bonnes conditions.
« Les épreuves de BTS prévues au mois de mai auront lieu (...) Il y aura une session de rattrapage au début du mois de juillet » annonçaient Jean Castex et Jean-Michel Blanquer lors d’une conférence de presse sur l’épidémie de Covid-19, le 22 avril dernier. En effet, au printemps 2020, les épreuves finales des étudiants en deuxième année en BTS avaient été annulées et remplacées par du contrôle continu. Cette année, les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur sont déterminés à maintenir les épreuves.
Une annonce confirmée par la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal."Les examens peuvent reprendre en présentiel à partir du 3 mai”, a-t-elle déclaré au micro de France Inter, le 27 avril dernier. Elle rappelait aussi que ce sont les universités qui organisent “les modalités de contrôle des connaissances”.
Moi quand jean michel blanquer a pris la parole #Castex18h#BTSCONTROLECONTINUpic.twitter.com/fdIS5g0tox
— 𝐉𝐚𝐦𝐛𝐞 𝐧𝐨𝐢𝐫𝐞 (@DRhyel) April 22, 2021
Collectif “BTS en détresse” : les étudiants montent au front
La nouvelle laisse un goût amer aux étudiants de BTS qui, depuis maintenant plusieurs semaines, expriment leur mécontentement. Certains d’entre eux ont ainsi décidé de se regrouper pour former un collectif. Intitulé “BTS en détresse”, le collectif a réuni plus de 5 000 followers sur Twitter. À travers des pétitions ou encore un hashtag (#BTScontrolecontinu), le collectif “BTS en détresse” demande à être évalué en contrôle continu, comme leurs camarades de la session 2020. Ils estiment que la situation sanitaire actuelle ne leur permet pas de passer ces épreuves dans de bonnes conditions.
De plus, près de 1000 étudiants, mais aussi des collectifs de médecins et de famille de victimes du Covid-19, ont déposé une plainte contre Frédérique Vidal et Jean-Michel Blanquer auprès de la Cour de Justice de la République (CJR) pour “mise en danger de la vie d’autrui”. C’est l’avocat Fabrice di Vizio qui a déposé cette plainte. Dans un article du Parisien, l’avocat précise que “400 personnes dans une même salle, pendant que les collèges, lycées et établissements de l’enseignement supérieur sont fermés en raison de la situation sanitaire, cela est incompréhensible et expose ces jeunes non seulement à un risque de contamination par le covid-19, mais aussi à des risques psychologiques”. Il souhaite ainsi que toutes les épreuves soient annulées, au profit du contrôle continu.
Des épreuves de rattrapage pour les étudiants positifs au COVID-19
Par ailleurs, le ministère de l’Enseignement supérieur a également annoncé qu’une session de rattrapage est prévue pour les élèves qui auraient échoué, mais aussi pour ceux qui pourraient être testés positifs au Covid-19 le jour J. “Les jurys d’examen convoqueront les candidats autorisés à se présenter à la session de rattrapage au plus tard dans les 8 jours suivants la proclamation des résultats de la session normale”, précise le ministère, dans un communiqué du 29 avril.
De son côté, Jean-Michel Blanquer souhaite créer un dispositif de coaching personnalisé pour les élèves de BTS qui échouerait à leur première session d’examens. Ce dispositif accompagnerait ainsi l’élève jusqu’aux sessions de rattrapage en juillet prochain.
Camille*, étudiante de 21 ans en BTS Comptabilité et Gestion (CG) à l’académie de Lille, reste sceptique. “Je n’y crois pas du tout à ce coaching personnalisé… Comment sa mise en place est possible ?” s’interroge-t-elle. “J’attends de voir comment on peut passer une épreuve de comptabilité à l’oral”, ironise Camille. “Puis, tout le monde ne pourra pas accéder aux rattrapages, car cela dépendra du livre scolaire”.
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Les étudiants s’inquiètent aussi de l’arrivée du variant indien qui gagne du terrain en Europe et dans l’Hexagone. “Le gouvernement veut nous faire passer à tout prix les épreuves alors qu’il a déjà 7 cas positifs du variant indien sur le sol français. Il ne faudra pas s’étonner si les chiffres de contaminations remontent”, s’insurge l’étudiante en BTS CG.
Examen aujourd'hui lundi 26 avril. Protocole sanitaire en vigueur comme on peut le voir.À Lyon.Merci pour les mesures et votre bienveillance envers notre santé#BTSCONTROLECONTINUpic.twitter.com/2eEBRdxKdi
— Del_Phine (@COUSAERTDELPHI1) April 26, 2021
Pour les enseignants de BTS aussi, l’inquiétude est de mise
Si les étudiants demeurent préoccupés pour leurs examens, il n’en est pas moins du côté des enseignants. Ann enseigne à des élèves en lycée et en BTS CG dans l’académie de Nice. Elle fait passer des oraux et surveille des écrits pour les épreuves de BTS depuis plusieurs années. “On a zéro info, mes élèves sont inquiets et moi je suis démunie, je ne sais pas quoi leur dire” se désole-t-elle. “Nous n’avons pas reçu de convocation pour ces épreuves, on doit improviser et se préparer à la hâte, c’est le flou complet”. Si les épreuves en présentiel sont maintenues, Ann craint une flambée des contaminations au sein des établissements, ce qui est déjà arrivé dans son lycée au début de l’année scolaire. “Mes collègues ont insisté pour que l’on reste en classe entière, ce qui a donné lieu à des contaminations. On a dû fermer la classe deux fois” affirme-t-elle.
De même, Ann précise aussi que les élèves iront quand même aux examens s’ils sont testés positifs au Covid-19. “C’est une génération qui a déjà beaucoup galéré pour trouver un stage l’année dernière. Beaucoup de leurs stages ont été écourtés ou se sont déroulés en distanciel. Alors, vous pouvez être sûrs qu’ils feront tout pour avoir leur examen, positif ou pas”, conclut-elle.
*Le prénom a été modifié