Nous sommes sous le ciel d’une nuit d’été. Une lumière se rapproche doucement. Elle finit par nous englober pour alourdir nos jambes, nos pieds et nos orteils. Confortablement installés sur un transat, casque vissé sur les oreilles, avec un fond sonore relaxant, la grisaille parisienne et le tourbillon de la ville semblent très, très loin.
Pourtant, c’est bien en plein cœur de la capitale, dans une salle de classe de classe de l'école ELFE (Collège de Paris), que la rédaction de Diplomeo s’est rendue, ce lundi 25 novembre. Guidés par la voix de Richard Grandisson, enseignant spécialisé dans les neurosciences, nous avons assisté à un cours pas comme les autres : une séance d’anglais sous hypnose. On vous raconte.
Barrières psychologiques
Après avoir lu à plusieurs reprises une fiche de vocabulaire adapté à notre niveau, il est temps de fermer les yeux. La partie « passive » du cours commence : l’hypnose, qui va durer une trentaine de minutes. On se laisse doucement porter par la voix de l’enseignant, qui nous invite à respirer plus profondément et nous emmène dans un état d’apaisement, glissant ici et là des phrases en anglais. Initialement, cette méthode d'apprentissage peu habituelle a été développée au sein de l'institution pour des cours de FLE (français langue étrangère).
Cette technique peu habituelle « permet de mieux se concentrer et de mieux mémoriser », affirme Richard Grandisson. « Sous hypnose, la partie rationnelle du cerveau s’endort, laissant place à toute la partie émotionnelle, qui devient beaucoup plus réceptive. Dès lors, on est beaucoup plus apte à changer son état d’esprit, sa manière de percevoir », résume-t-il.
Durant la séance, le formateur en anglais et en espagnol s’attache à agir sur deux leviers : la langue, mais surtout laconfiance en soi. Au début de sa carrière, Richard Grandisson s’est en effet aperçu des barrières psychologiques qui bloquaient la progression de certains de ses élèves. C’est là qu’il s’est intéressé à l’hypnose comme moyen de lever ces blocages intériorisés. Des années plus tard, les résultats de cette « approche psychologique » de l’apprentissage sont là, assure-t-il : « avec l’hypnose, on apprend deux à trois fois plus vite ».
« Une approche moins scolaire, plus dans l’interaction et l’échange »
Au réveil, Richard Grandisson nous invite — en anglais — à nous asseoir pour démarrer la partie active du cours : la mise en pratique. Fiches d’exercices sous les yeux, on répond aux différentes questions et tests, sous la forme d’une discussion. « L’expression des élèves est plus fluide et leur état d’esprit est tourné vers ce qu’ils peuvent améliorer et non vers l’échec », note le prof.
En groupe — jusqu’à 8 ou 10 personnes — ou en cours individuel, la méthode reste la même : « à l’issue de la session d’hypnose, on crée un climat de confiance, où les erreurs des autres ne sont pas ridiculisées », affirme Richard Grandisson. Une sorte de bulle de bienveillance, favorable à l’apprentissage : « la bonne humeur et l’état modifié de conscience nous amènent de la disponibilité émotionnelle et permettent de nous motiver à étudier encore plus » témoigne ainsi un ancien élève du Collège de Paris. L’institution qui rassemble une trentaine d’écoles (commerce, langues…) à travers la France propose des stages d’une semaine de langue sous hypnose à ses étudiants.
Un autre élève, lui, comptait sur l’hypnose pour « reprendre confiance » en son niveau d’anglais afin de pratiquer de nouveau cette langue. « C’est un peu tôt pour voir une évolution », reconnaissait-il en sortant d’un stage, « mais ça permet une approche moins scolaire, plus dans l’interaction et dans l’échange ».
Quant à nous, on se sent effectivement apaisés lors des exercices. Et la discussion vient naturellement. Pour voir une réelle progression, il faudrait suivre plusieurs sessions durant toute une semaine, où chaque nouvelle séance devrait nous emmener dans un état d’hypnose un peu plus profond, assure Richard Grandisson. Pour lui, cette méthode qui peut « révolutionner l’apprentissage » repose sur une certitude : « il faut être persuadé qu’on va réussir pour réussir ».