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Déficit des universités : quelles issues pour sortir de la crise ?

Tandis que le budget 2026 n'est toujours pas adopté, les universités françaises naviguent à vue. Le ministre de l’Enseignement supérieur annonce des assises en janvier prochain pour trouver des solutions.
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© Konstantin Kulikov / Adobe Stock

Près de 75 % des universités françaises vont finir l'année dans le rouge, selon un décompte des représentants syndicaux du supérieur. Sur 75 établissements, 54 sont sur la sellette, pris en étau entre inflation, hausses des coûts de l'énergie et coupes budgétaires.

Face à ce constat alarmant, les établissements doivent pourtant faire face à des charges supplémentaires imposées, sans recevoir les financements nécessaires. « Il existe aujourd'hui un manque de lisibilité dans le système de financement des universités », a reconnu Philippe Baptiste, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Espace, mardi 9 décembre lors d'une audition au Sénat sur le Projet de loi de Finances (PLF) 2026.

Des  « assises » sur le financement dès janvier 2026 

Pour tenter de répondre à la crise budgétaire qui frappe de plein fouet les universités, le ministre de l’Enseignement supérieur va organiser des « assises qui doivent permettre d’ouvrir un espace de travail collectif pour redonner de la visibilité au secteur, tout en dessinant des pistes pour l’avenir ».

Devant les sénateurs, Philippe Baptiste a fixé trois objectifs : faire un état des lieux de la situation, discuter des difficultés de gestion des établissements et repenser la relation entre l’État et les universités.

Cette prise de parole intervient à la suite d’une précédente audition du ministre où il avait provoqué un tollé, affirmant que le situation globale des universités de l’Hexagone « n’était pas systématiquement dramatique ». Il avait ajouté : « Ce n’est pas Zola non plus », provoquant l’ire de l’ensemble de la communauté universitaire.

Frais d'inscription : l'idée d'une modulation selon les revenus rejetée

Au milieu des annonces du ministre, les débats au Sénat ont également porté sur une question sensible : le financement des droits d’inscription. Les élus ont rejeté un amendement qui proposait de faire payer les frais d'inscription à l'université en fonction des revenus des étudiants ou de leurs parents.

Cette mesure aurait rapporté 500 millions d'euros dans le cadre du PLF 2026 et s'inspirait d'un mécanisme déjà appliqué dans certains établissements privés. Mais l'idée n’a pas été du goût de certains sénateurs, notamment à gauche. « En France, l'université est un service public et il ne se paie pas en fonction de la fiche de paie. Quand on va à l'hôpital, on n'y va pas avec sa fiche de paie », a sèchement répliqué Pierre Ouzoulias, sénateur communiste.

Les autres élus, dont ceux issus de la majorité présidentielle et de la droite, estiment que cette réforme doit être débattue et ne pas faire l’objet d’un simple amendement. « On ne peut pas traiter ce sujet aussi stratégique et sensible en quelques minutes », a tranché le sénateur centriste Pierre-Antoine Lévi. Il a néanmoins rappelé l'écart entre ce que coûte réellement une première année d'université à l’État (environ 12 250 euros) et ce que déboursent les étudiants (178 euros).

Au Cneser, les syndicats dénoncent une « opacité totale »

Dans la même soirée ce mardi, une séance plénière du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) sur le budget avait lieu au ministère de l’ESR. Normalement, cette instance examine fin décembre la répartition financière entre les établissements pour l'année suivante.

Mais cette année, impossible de le faire car le PLF 2026 n'est toujours pas voté. En l'absence de financements, le ministère de l’Enseignement supérieur a demandé aux recteurs d'aider les établissements à préparer leur budget 2026, avec seulement 40 % de leur subvention habituelle. Un premier versement interviendra début janvier et un budget rectificatif sera élaboré en mars prochain.

Les syndicats des personnels et les organisations étudiantes ont vivement réagi. « Cette opacité totale renforce les inégalités entre établissements et cette année, elle est renforcée par l'errance budgétaire », dénonce Sup'Recherche Unsa. Du côté des syndicats étudiants, même son de cloche : « Bientôt deux mois de débats parlementaires, et toujours aucun budget. L'incertitude budgétaire pèse très lourd », renchérit la Fage. Selon les calculs des syndicats rapportés par AEF Info, 519 millions d'euros de dépenses supplémentaires pèseront sur les universités en 2026.

Enfin, la séance s’est conclue sur un point positif pour les étudiants : les tarifs des repas dans les restaurants universitaires seront gelés à 3,30 euros(1 euro pour les boursiers), et le réseau des Crous recevra 16 millions d'euros supplémentaires.

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