2046 : la France est au pied du mur. Depuis plusieurs années, la transition écologique a connu de belles avancées. Mais, dans un contexte de crise mondiale de l’eau et de multiplication de phénomènes climatiques extrêmes, le pays doit prendre des mesures drastiques pour réduire ses émissions de CO2. L’objectif : limiter le réchauffement de la planète à +1,5 °C en 2050.
Nous ne sommes pas dans un film catastrophe, mais dans un scénario climatique probable qui a été élaboré par des scientifiques et dans lequel Emma et Jeanne ont embarqué leurs camarades. Mi-mars, les étudiantes en M1 développement durable à NEOMA ont animé un jeu immersif, imaginé par l’Atelier 2 tonnes, sur le campus parisien de la business school. À la fin du jeu, qui commence en 2025 et se termine en 2050, le bilan carbone du groupe doit atteindre 2 tonnes par an et par habitant. Mission impossible ? Pas tellement !
🔎 Pourquoi 2 tonnes ? Aujourd’hui, le bilan carbone moyen d’un Français est de 10 tonnes par an et par habitant. Il est calculé selon plusieurs facteurs, tels que les transports, l’alimentation ou encore l’isolement ou le chauffage d’un logement. Arriver à 2 tonnes en 2050 permettrait de respecter les scénarios du GIEC dans lesquels le réchauffement est limité à +1,5 °C (conformément aux accords de Paris, signés en 2016). |
« Chaque action a un impact »
Autour de la table, les participantes disposent chacune d’une petite fiche : leur empreinte carbone actuelle, calculée la veille avec l’outil en ligne de l’Atelier 2 tonnes. « Optez pour des actions qui vous semblent réalisables dès aujourd’hui », insiste Emma au début du premier tour. Les joueuses doivent choisir parmi plusieurs actions individuelles, dans la limite d’un nombre de points prédéfini (chaque action vaut un certain nombre de points).
Suzanna, étudiante italienne en master, ne pense pas pouvoir renoncer à la viande tout de suite ni à l’avion, si elle veut continuer à voir facilement sa famille à Milan. En revanche, elle se voit choisir un régime flexitarien et participer à des manifestations pour le climat. Quant à Naomie, en première année de Bachelor, elle adopte volontiers le vélo pour ses déplacements et se sent de se mettre à cuisiner davantage avec des produits de saison.
« Certaines actions très simples permettent des avancées, sans bouleverser radicalement notre quotidien », Suzanna, étudiante à NEOMA
À la fin du premier tour, le bilan carbone des joueuses est recalculé. Résultat : une baisse généralisée. « Certaines actions très simples permettent des avancées, sans bouleverser radicalement notre quotidien », s’étonne Suzanna. « Chaque action a un impact, positif ou négatif », complète Naomie, après que les animatrices de l’atelier aient évoqué les bénéfices des choix des joueuses sur la biodiversité, tout en soulignant les limites sociales de certaines décisions.
Au tour suivant, le petit groupe effectue le même exercice, mais d’un point de vue collectif. En tant que décideur public, il se met d’accord pour subventionner les voitures électriques, imposer un jour sans viande à la cantine et verdir le fret ferroviaire. « Il n’y a pas de solution miracle, mais plutôt une complémentarité d’actions individuelles et collectives », souligne Emma.
« La jeunesse est une force motrice pour changer le monde » :
« 2 tonnes, c’est ambitieux, mais on peut y arriver »
À la fin du jeu, qui aura duré près de deux heures, les joueuses constatent une nette baisse de leur bilan carbone. Celui-ci dépasse les 2 tonnes, mais de grandes avancées ont été faites. « On peut penser que, face au dérèglement climatique, on ne peut rien faire à notre échelle, mais en fait pas du tout », constate Suzanna. L’étudiante apprécie l’aspect « pas trop moralisateur et les solutions concrètes » de l’atelier.
« La transition écologique, c’est une opportunité de changement, de renouvellement de nos habitudes », Emma, étudiante à NEOMA et animatrice de l’Atelier 2 tonnes
« 2 tonnes, c’est ambitieux, mais c’est nécessaire. Et on peut y arriver », conclut Jeanne. « C’est du step by step, on a jusqu’à 2050 pour y parvenir », ajoute l’animatrice. Pour l’étudiante, cet atelier montre bien qu’avec l’intelligence collective et une bonne dose de sensibilisation, chaque acteur - citoyens, entreprises et gouvernement - a son rôle à jouer. Et pour parvenir aux objectifs climatiques, plusieurs chemins sont possibles.
« La transition écologique, c’est une opportunité de changement, de renouvellement de nos habitudes », poursuit sa coanimatrice Emma. « L’action individuelle à elle seule permettrait de réduire de 25% notre empreinte carbone », rappelle l’étudiante. Pour le reste, les entreprises ont une grande responsabilité et des transformations y sont déjà à l'œuvre, appuyées par les évolutions normatives. Avec sa formation, elle compte bien poursuivre ce travail de « sensibilisation, d’accompagnement et d’éducation » dans les organisations en tant que spécialiste des transitions, où « de plus en plus de métiers s’ouvrent ».