Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche mobilisé pour lutter contre l’antisémitisme. La ministre de l’ESR, Sylvie Retailleau, a été auditionnée hier à ce sujet par la commission de la culture, de l’éducation et de la communication au Sénat, à Paris.
Devant les sénateurs de la mission parlementaire, la ministre a tenu à rappeler que « l’antisémitisme n’est pas une opinion, mais un délit » et que dans les universités « c’est tolérance zéro ». Depuis l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 du Hamas contre Israël, les actes de nature antisémite connaissent une hausse, notamment dans les établissements du supérieur.
Plusieurs actes d’antisémitisme recensés, selon France universités
76 actes signalés, dont 17 en enquête administrative
Au Sénat, la ministre de l’Enseignement supérieur a donné des premiers chiffres relatifs aux actes antisémites qui ont eu lieu dans les universités. Selon elle, « 76 actes antisémites ont été signalés, 17 font l’objet d’une enquête administrative, suivis de l’enclenchement d’une procédure disciplinaire, 9 d’un dépôt de plainte et 11 d’un signalement auprès du procureur de la République ».
En avril dernier, le président de France Universités faisait état de 33 actes l’année dernière et 11 saisines de commissions disciplinaires. De son côté, Sylvie Retailleau précise que certaines « sanctions » ne sont pas encore connues « car cela prend du temps ». La ministre ajoute : « il faut que l’on accélère, qu’on mette les moyens, au niveau des actions, rien ne sera abandonné ».
Les manifestations étudiantes pro-palestiniennes prolifèrent depuis un mois
Depuis plusieurs semaines maintenant, les manifestations étudiantes en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza se multiplient dans le pays. De Sciences Po Paris (IEP) à la Sorbonne, en passant par l’École normale supérieure (ENS) le week-end dernier, la communauté estudiantine se mobilise face aux atrocités et aux massacres en cours, notamment à Rafah. Ils dénoncent les frappes israéliennes du gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahu sur la population palestinienne.
Les mobilisations étudiantes s’étendent dans toute la France
Le 26 mai dernier, le campus de la prestigieuse école parisienne a été le théâtre d’une nouvelle manifestation étudiante. L’ENS a été occupé tout le week-end par une trentaine d’étudiants pro-palestiniens de l’école, mais pas uniquement des normaliens. Les forces de l’ordre sont intervenues pour les déloger le soir même.
Les étudiants qui occupaient la cour de l’ENS sont expulsés par les forces de l’ordre. @blast_francepic.twitter.com/kPuBlHDtHl
– Yanis Mhamdi (@yanmdi) May 26, 2024
Des mobilisations « en faveur de Gaza » susceptibles « de causer un trouble à l’ordre public »
Si la ministre de l’Enseignement supérieur estime que l’université doit rester un lieu de débat, elle a toujours émis des réserves quant aux mobilisations étudiantes pro-palestiniennes. Au Sénat, elle évoque des actes antisémites et un « malaise des étudiants juifs »dans le supérieur qui ont eu lieu à Sciences Po, dans « ses campus délocalisés et les IEP ». Pour rappel, à l’IEP de la rue-Saint-Guillaume à Paris, une étudiante se serait vue refuser l’entrée dans un amphithéâtre pour assister à une conférence.« Ne la laissez pas entrer, c’est une sioniste » : tels auraient été les dires de certains étudiants pour l’empêcher de pénétrer dans l’amphi. Sur ce sujet, une enquête est toujours en cours.
Le conflit israélo-palestinien fracture le monde estudiantin
Sylvie Retailleau explique, par ailleurs, qu’il existe « un climat de peur inacceptable » et que « toutes les manifestations pro-palestiniennes sont recensées ». La ministre fait aussi part des mobilisations « en faveur de Gaza » qui sont susceptibles « d’entraîner un trouble à l’ordre public ». Sans apporter d’exemples concrets, la ministre évoque « des revendications » qui sont « de plus en plus radicales ces dernières semaines » et qui « ne permettent pas le dialogue ».
« Dialogues » : une nouvelle application pour signaler les faits d’antisémitisme
Face à la hausse inquiétante des actes de nature antisémite, Sylvie Retailleau a annoncé la mise en place d’un nouveau dispositif : « Dialogues ». Il s’agit d’une application mobile pour signaler les faits et propos relatifs à l’antisémitisme dans les établissements du supérieur.
Les universités qui se portent volontaires pourront donc tester cette nouvelle application d’ici l’été 2024. Son déploiement aura lieu, selon la ministre de l’Enseignement supérieur, « avant le mois de janvier 2025 ».