« C’est une ligne rouge de franchie » : tels sont les mots de la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, au micro de franceinfo, hier soir, suite à la polémique qui agite le monde estudiantin autour de Sciences Po Paris.
La veille, mardi 12 mars, une conférence pro-palestinienne a été organisée dans l’amphithéâtre de la prestigieuse école. Selon les membres de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), une étudiante de l’IEP aurait été empêchée d’accéder à la mobilisation, en raison de sa confession juive. « Ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste ! », tels sont les mots qui auraient été prononcés à son encontre, selon l’asso, sur son compte X.
« Ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste »
Limite franchie à @sciencespo où le grand amphi est occupé. Les étudiants de l’UEJF y sont pris à partie comme juifs et sionistes.
Nous appelons à la levée immédiate du blocus et à des sanctions exemplaires contre ces étudiants. pic.twitter.com/mUi2b4P35y
— UEJF (@uejf) March 12, 2024
Des "propos inqualifiables et intolérables"
Tandis que la mobilisation pro-palestinienne a pris de l’ampleur, le gouvernement avait annoncé saisir la justice sur cette intervention au sein de l’établissement. Le président de la République, Emmanuel Macron, a dénoncé, « des propos inqualifiables et intolérables ».
Dans le sillage du chef de l’État, la ministre de l’Enseignement supérieur a réagi sur franceinfo. « Je me suis rendue à Sciences Po Paris et j’ai appris cet envahissement de l’amphi », a-t-elle affirmé, avant d’ajouter qu’il s’agit d’une « situation d’État ». Sylvie Retailleau a « rencontré » la direction de l’Institut d’études politiques de la rue Saint-Guillaume pour « voir comment agir suite à ce débordement ».
Sciences Po a ouvert une enquête pour de potentiels « propos antisémites »
Toujours selon la ministre, « deux étudiants ont empêché une autre étudiante de Sciences Po de pénétrer de l’amphithéâtre ». L’école aurait ouvert une enquête face à « des propos antisémites qui auraient été tenus » par des participants à la mobilisation pro-palestinienne. Sylvie Retailleau a demandé à l’établissement parisien un rassemblement des témoignages qui lui ont « permis de faire appel à l’article 40 et de saisir le procureur de la République ».
L’étudiante en question s’est exprimée dans les colonnes du Parisien ce matin. Cette dernière se dit « encore sous le choc » face à cet « incident ». Pour elle, les organisateurs ne l’ont pas laissé accéder à la salle en raison de sa religion.« Ils se targuent de dire qu’ils ne sont pas antisémites parce qu’ils ne crient pas “Mort aux juifs”. Or, me qualifier de sioniste, me refuser l’entrée d’une telle réunion, c’est de l’antisémitisme », explique-t-elle.
Les organisateurs, quant à eux, réfutent tout acte antisémite. S’ils confirment que l’étudiante concernée a bien été refusée, d’intégrer l’amphithéâtre, ils affirment que c’est « en raison de son comportement », rapporte Libération.