L’allemand ne séduit plus les jeunes et ce désintérêt est très marqué au fil des années. En effet, selon le ministère de l’Éducation nationale, 139 814 élèves ont opté pour Allemand en première langue (LV1), contre plus de 600 000 en 1994. Cela signifie qu’en 30 ans, le chiffre a ainsi été divisé par quatre. Le nombre d’apprenants qui la choisissent en seconde langue (LV2) est également en déclin : 656 000, soit 16 % des effectifs.
Ce lundi 22 janvier 2024, on célèbre la journée franco-allemande qui met à l’honneur l’amitié entre l’Hexagone et nos voisins outre-Rhin, date de la signature du Traité de l’Élysée, il y a plus de 60 ans.
Alors que l’objectif de cette journée vise à mieux faire connaître la langue et la culture du pays dans le secondaire, l’Association de développement de l’enseignement de l’allemand en France (Adeaf) alerte sur le ralentissement de son apprentissage.
L’allemand, un idiome jugé difficile
Si les raisons du désamour de l’allemand peuvent être nombreuses, l’argument qui revient souvent est que son apprentissage relève du parcours du combattant. Une réputation de langue complexe qui lui colle à la peau. Les déclinaisons, la conjugaison, l’ordre des mots peuvent se révéler difficiles pour un élève français, car celui-ci n’est pas habitué à ces spécificités.
C’est la raison pour laquelle, le choix des élèves se tourne vers l’espagnol, une langue latine qui a donc plus d’accointances avec le français et qui est parlée dans de nombreux pays, notamment en Espagne et en Amérique latine.
« L’allemand, c’est trop dur », estime un élève au micro de BFMTV. L’espagnol est « beaucoup plus simple à comprendre (…) je suis plus attirée par l’Espagne que par l’Allemagne », renchérit une autre. De ce fait, l’apprentissage de la langue espagnole en LV2 est largement plébiscité par les élèves dans tout le pays.
Au collège, l’allemand de moins en moins choisi par les élèves pic.twitter.com/Zg0QV9NLei
— BFMTV (@BFMTV) January 14, 2024
Le recrutement d’enseignants en chute libre
Autre raison du déclin de la langue de Goethe : la diminution de la proportion du nombre de candidats qui se présentent au CAPES (Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré) d’allemand. En 2023, selon le ministère de l’Éducation nationale, 58 % des postes n’ont pas été pourvus, seules 86 personnes ont été admises pour 250 places.
« Aujourd’hui, un professeur d’allemand peut être sur deux ou trois établissements, cela veut dire qu’il faut changer de collège dans la semaine », affirme Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, syndicat des enseignants du secondaire, sur BFMTV. « Cela rend le métier de professeur d’allemand moins attractif », ce qui se traduit par « des conditions de travail très difficiles ».
L’Adeaf dresse un constat accablant et interpelle, dans une pétition en ligne, le gouvernement concernant l’apprentissage de l’allemand à l’école. « Les mois passent et notre gouvernement ne semble toujours pas prendre conscience de la catastrophe annoncée pour l’enseignement de l’allemand en France », précise l’association.
En outre, l’Adeaf propose plusieurs mesures pour remettre l’allemand sur le devant de la scène. Des bénévoles promeuvent la langue à travers des ressources, des ateliers ou encore des campagnes vidéos. Dans un document, l’association demande, entre autres, des moyens alloués pour la langue de Goethe.
Voici quelques exemples :
- Un parcours bilangue allemand-anglais, ouvert à tous, de 3 h par langue au collège avec « des moyens fléchés pour mettre un terme à des inégalités qui pénalisent l’allemand »
- Un enseignement de spécialité LLCE (Langues, littératures et cultures étrangères) à deux langues afin d’approfondir l’allemand et l’anglais, au cycle terminal du lycée
- Deux langues obligatoires dans toutes les classes dans l’enseignement supérieur, notamment en classe prépa et en BTS
- Prendre en compte la maîtrise de deux langues étrangères dans tous les concours d’entrée aux grandes écoles et ceux de la Fonction publique.