« Malgré le travail de nos soignants, le temps médical manque ». Ce sont les mots par lesquels le Premier ministre, Gabriel Attal, a inauguré le volet santé de sa déclaration de politique générale, le 30 janvier dernier.
Devant l’Assemblée nationale, le chef du gouvernement avait annoncé plusieurs actions à venir ou déjà entamées afin de lutter contre la désertification médicale du pays et la saturation des urgences. Il a également évoqué la suppression du numerus clausus qui doit aller en ce sens.
Depuis la rentrée 2020, ce quota est remplacé par celui du numerus apertus, qui ne met pas pour autant fin à une forme de sélection. À ce sujet, le Premier ministre a d’ailleurs tenu à rappeler que les effets de ce remplacement ne seront pas immédiats, d’où la nécessité d’autres plans d’action.
Une des actions phares concerne la régularisation des médecins étrangers, hors UE, sur le territoire. Le président de la République, Emmanuel Macron, l’avait d’ailleurs déjà annoncé lors de sa conférence de presse à l’Élysée, le 16 janvier dernier.
La semaine suivante, le 22 janvier, la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, avait précisé les contours d’une régularisation temporaire, pour les mois à venir, dans un communiqué de presse. Seraient concernés à la fois les lauréats des épreuves de vérifications des connaissances (EVC) et ceux qui y ont échoué. À son tour, en réponse au gouvernement, l’Académie nationale de médecine s’exprime dans un communiqué, au sujet des médecins étrangers actifs en France.
« Le recrutement de praticiens “Padhue” est nécessaire et doit se poursuivre »
L’Académie nationale de médecine (ANM) tire la sonnette d’alarme quant à la « précarité administrative » dans laquelle se trouvent de nombreux praticiens à diplômes hors Union Européenne (Padhue). « Leur situation est difficilement soutenable », déclare-t-elle.
Ces professionnels travaillent dans des hôpitaux français et ont obtenu leur diplôme hors Hexagone. Pour être affectés à un service et exercer en règle, ils doivent réussir un concours sélectif : les épreuves de vérification des connaissances ou EVC. Comme le souligne l’académie, lors de la dernière session, « plus de 10 000 candidats se sont présentés pour 2 700 postes ».
Ceux qui ne l’ont pas se retrouvent dans une situation fragile, avec des autorisations de travail et titres de séjours qui peinent à être renouvelés. Dans ce contexte, l’ANM « recommande que soient réduits les longs délais de traitement des dossiers induisant des difficultés administratives ».
L’académie estime le recrutement de ces praticiens « nécessaire et doit se poursuivre pour faire face, aux côtés de leurs collègues à diplôme français, aux difficultés d’accès aux soins d’une grande partie de la population française ».
L’ECV: « indispensable »
L’académie nationale de médecine « considère toutefois indispensable que leurs compétences médicales et la nécessaire maitrise de la langue française soient évaluées par le concours d’évaluation des connaissances ».
Dans le document, elle en rappelle les tenants et aboutissants, avant de trancher sur les non-lauréats : « en revanche, ceux n’ayant pas été reçus à l’EVC, au terme d’un nombre d’échecs à déterminer, doivent être orientés vers d’autres métiers de santé ».
Pour l’académie, « la procédure à privilégier » doit bien conserver « une stricte évaluation des compétences » des « Padhue ».
Pour rappel, le gouvernement s’est attelé à d’autres réformes pour élargir le vivier de professionnels de santé sur le territoire. En tête, notamment, la création de la licence d’accès santé (LAS) et du parcours accès santé spécifique (PASS) qui viennent remplacer le PACES (première année commune aux études de santé).