Quand elle a su qu’elle pouvait quitter son cursus au milieu du premier semestre pour se réorienter, Solange n’a pas hésité. Il faut dire que, deux mois à peine après sa rentrée en première année de LAS, en septembre 2024, la jeune bachelière savait déjà qu’elle voulait changer de filière.
« Les amphis bondés, le manque d’ambiance… En arrivant à la fac de médecine, j’ai tout de suite compris que ce n’était pas du tout fait pour moi », retrace-t-elle. Loin de se décourager, Solange se met alors en tête de se réorienter vers le premier vœu qu’elle avait tenté d’avoir, sans succès, sur Parcoursup : une prépa pour intégrer une école d’ingénieurs.
À sa grande surprise, son école actuelle, UniLaSalle Amiens, l’accepte au mois de novembre. Actuellement en deuxième année de prépa intégrée, Solange nous raconte comment elle a pu intégrer son cursus sans perdre une année.
Non, rentrée décalée ne rime pas forcément avec rythme effréné
Très rapidement après sa rentrée en médecine, Solange avait commencé à se renseigner sur les écoles d’ingénieurs qui l’intéressaient. « Je connaissais Unilasalle, car d’anciens camarades y étaient et c’est l’école qui se trouve dans ma ville d’origine », explique-t-elle. « Je suis allée aux journées portes ouvertes en octobre, et on m’a dit qu’il était possible de commencer les cours la semaine suivante, à la fin des vacances de la Toussaint ».
Sans hésiter, elle s’inscrit. « Ma mère m’avait aidé à préparer tout mon dossier au cas où j’étais prise quelque part ». Après une semaine à prendre connaissance du programme et à travailler sur les cours qu’elle n’avait pas vu, elle fait ses premiers pas dans sa nouvelle promo. « Dès le premier jour, je me suis sentie intégrée. Je me suis fait des amis à la pause déjeuner. Pour les cours, les profs et mes camarades m’aidaient, je ne me suis pas sentie délaissée ».
De quoi dédiaboliser l’idée selon laquelle rentrée décalée rime avec charge de travail démesurée et rythme effréné. « Le plus difficile, ça a été l’électronique, j’ai dû rattraper toutes les bases que mes camarades avaient vues. Mais, en physique par exemple, que j’avais suivi seulement en première, ça s’est très bien passé », témoigne la jeune femme qui s’était plutôt consacrée à la biologie et à l’anatomie durant ses premières semaines dans l’enseignement supérieur.
« C’est la motivation qui fait la différence »
« Quand des étudiants en rentrée décalée arrivent chez nous, il leur manque forcément des connaissances », explique Jean Nguyen-Cadoret, enseignant-chercheur à UniLaSalle Amiens. Mais, pour le responsable pédagogique, ce retard n’est pas du tout un obstacle à la réussite, loin de là.
D’abord, dans la plupart des établissements qui proposent des rentrées décalées, des outils pédagogiques sont mis à disposition des étudiants pour rattraper leur retard : cours en ligne, corrections, mentorat, soutien des profs… Ensuite, si une certaine rigueur et autonomie sont de mise chez l’élève qui choisit de se lancer en rentrée décalée, un élément compte par-dessus tout : « c’est la motivation qui fait la différence », insiste l’enseignant.
Son conseil pour réussir sa rentrée décalée ? « Il faut tout d’abord être sûr de son choix de réorientation. Puis, il faut mettre en place un plan d’action concret et réaliste pour rattraper son retard, en se renseignant au mieux sur le programme et en s’appuyant sur tous les dispositifs disponibles de son école ».
Une proactivité que Solange a dû elle-même mettre en place pour réussir sa transition de médecine à prépa ingé. « Dès que tu sais que tu n’es pas bien dans ton cursus, il faut essayer de trouver des solutions, chercher ce qui pourrait te plaire en te renseignant, en faisant des portes ouvertes… Et une fois que tu changes de voie, il ne faut pas hésiter à t’appuyer sur tes camarades ou tes profs, à poser des questions. Ça permet de se mettre dans le bain sereinement ».






