Elle débarque en pleine tempête. 28 jours à peine, weekend compris, après la nomination d’Amélie Oudéa Castéra au ministère de L’Education nationale - un record - Nicole Belloubet prend le relais rue de Grenelle. Jeudi 8 février, l’ex-Garde des Sceaux (de 2017 à 2020) lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron et ex-membre du Conseil constitutionnel (de 2013 à 2017), a été nommée ministre de l’Education nationale du gouvernement de Gabriel Attal.
La tâche qui l’attend est pour le moins délicate : Nicole Belloubet va devoir sortir de la crise un ministère stratégique entaché par les polémiques en série de sa prédécesseure, “AOC”. Celle qui reste ministre des Sports et des JO a déchaîné la colère des profs et d’une partie de l’opinion publique sur la question de l’enseignement privé, le contournement de son fils de la procédure Parcoursup ou encore des heures non remplacées dans le public.
Qui est Nicole Belloubet ? Diplomeo en dit plus sur cette femme politique de 68 ans, issue des rangs du Parti socialiste (PS) qui va devoir restaurer le dialogue avec la communauté scolaire.
🔴 🗣️ "Nous sommes toutes les deux des femmes engagées dans une vie politique qui parfois est brutale."
Nicole Belloubet (@NBelloubet), la nouvelle ministre de l'Education nationale, prend la parole et "salue le courage" d'Amélie Oudéa-Castéra (@AOC1978). pic.twitter.com/YFONC8LT3m
— franceinfo (@franceinfo) February 9, 2024
Défenseure de l’enseignement public
Contrairement à sa prédécesseure, Nicole Belloubet est une fine connaisseuse de l’enseignement. Docteure en droit public, l'Aveyronnaise d’origine a commencé sa carrière en tant que prof à l’université. Elle a ensuite pris les rênes des académies de Limoges (1997) puis de Toulouse (2000) avant de démissionner de son poste de rectrice en 2005, pour dénoncer la suppression d'effectifs au sein de son académie.
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Parmi ses faits d’armes, Nicole Belloubet a présidé le comité interministériel pour la promotion de l’égalité des sexes dans l’éducation, entre 2000 et 2005. Elle a aussi publié deux rapports en 2002 sur les “Violences sexistes et sexuelles dans les établissements scolaires” et 30 propositions pour “L’avenir du Lycée”.
Plus récemment, en 2016, elle a pris la défense des enseignants du public dans un article intitulé “Supprimer le ministère de l’Education nationale”, publié dans la revue Après-demain. Nicole Belloubet y dénonce un système éducatif impuissant face aux “inégalités de plus en plus criantes”, en rupture avec “l’entre-soi des classes homogènes dans l’enseignement privé”, défendant notamment une meilleure rémunération des profs, comme le soulignent nos confrères de Franceinfo.
Opposée à l’uniforme et au retour de l’autorité à l’école
Des positionnements à contre- courant de ceux d’Amélie Oudéa Castéra, qui confrontent aussi ceux du Premier ministre, Gabriel Attal. Celui qui défend le retour de l’uniforme et de l’autorité dans les salles de classes pourrait bien être contredit par sa nouvelle recrue. Nicole Belloubet s’opposait en effet, dans le même article, au port de la blouse à l’école, appelant à “sortir du cadre rigide du cours magistral” et à “laisser du temps et de l’autonomie aux jeunes”.
Reste à savoir si ces contradictions seront exprimées ou non, dans ses nouvelles fonctions à Grenelle. Pour le moment, Nicole Belloubet prône l’apaisement. Lors de sa passation avec AOC, vendredi 9 février, la nouvelle ministre de l’Éducation a déclaré vouloir “tout faire pour mettre en place un système qui contribue à réduire les inégalités sociales”, plaidant pour l’instauration “très rapide d’un dialogue” avec les enseignants. Ces derniers ont enchaîné récemment deux grèves en une semaine, pour protester notamment contre le “choc des savoirs” enclenché par Gabriel Attal, alors qu’il était encore ministre de l’Éducation.