“Un gâchis monumental" : un prof de philosophie se désole de l’absentéisme des élèves de terminale

Tandis que les élèves de terminale ont passé leurs épreuves de spécialité en mars dernier, certains d’entre eux désertent les bancs de l’école. Un absentéisme marqué, que déplorent les enseignants de philosophie.
Mis à jour le / Publié en mai 2023
Lecture
Trouver mon école
Quelle école est faite pour toi ?
Prends 1 minute pour répondre à nos questions et découvrir les écoles recommandées pour toi !
Trouver mon école (1min 🕓)
https://f.hellowork.com/edito/sites/5/2023/05/27400.jpg
© Silverkblack / Adobe Stock

Un vent de vacances avant l’heure souffle dans les salles de classe. Et pour cause, certains lycéens de terminale qui ont planché sur les épreuves de spécialité en mars dernier ne viennent tout simplement plus en cours

Avec 82 % de leur note finale du baccalauréat, les lycéens savent d’ores et déjà s’ils ont décroché leur précieux sésame ou non. Face à ce phénomène, certains rectorats ont envoyé des courriers aux familles, dans le but de les mettre en garde sur l’importance du troisième trimestre de terminale. 

De son côté, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye a également haussé le ton. « Je dis aux élèves deux choses : d’abord l’obligation d’aller en cours, du premier jour au dernier jour. Je rappelle que l’école ce n’est pas facultatif et ce n’est pas au choix », a-t-il martelé sur Franceinfo, le 5 mai dernier.

Les enseignants de philosophie regrettent le manque d’investissement des élèves

Les institutions ne sont pas les seules à exprimer leur mécontentement. Les professeurs de philosophie constatent des baisses de motivation importantes. « Dans mon établissement, un tiers des élèves sont absents, c’est un gâchis monumental », indique Nicolas Franck, enseignant de philosophie en terminale et classe préparatoire au lycée de la Folie Saint-James de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). 

Ce dernier évoque les raisons qui justifient la présence des élèves qui viennent en classe : ceux qui sont « de bonne volonté », qui veulent avoir une bonne note au bac, voire une mention, ceux qui se préparent pour l’enseignement supérieur ou encore ceux qui s’intéressent à la philosophie. « Mais cela crée quand même une ambiance un petit peu étrange dans le lycée puisque ceux qui viennent se demandent si ce ne sont pas les autres qui ont raison », admet-il. 

Au lycée, un enseignement de la philosophie sacrifié

Si la traditionnelle épreuve de philosophie se déroule toujours au mois de juin, elle reste une discipline nouvelle pour les lycéens en terminale. « Excepté pour les élèves qui choisissent la spécialité HLP — Humanités, Littératures et Philosophie — qui découvrent la matière en 1re, la majorité n’en fait qu’un an », explique Nicolas Franck. 

Pour ces derniers, sécher les cours signifie perdre un trimestre de philosophie et ne pas suivre les bacs blancs qui servent d’entraînement à l’examen. « C’est dommage, car c’est le moment où l’on commence à maîtriser la discipline et l’exercice de la dissertation », regrette l’enseignant. « C’est particulièrement intéressant pour la philosophie et on nous en a privés », poursuit-il. 

« L’année de terminale est calquée sur Parcoursup » 

Nicolas Franck est membre de l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (APPEP). Dans un communiqué, l’asso fustige une épreuve « vidée de son enjeu » au regard de l’épreuve de philosophie, car les élèves ont connaissance de leurs notes de spécialité dès avril. « Je partage les positions de l’APPEP, il faut absolument revenir aux épreuves en juin, car ça n’a aucun sens d’avoir trois mois de cours de perdus », insiste-t-il.

Pour rappel, le ministère de l’Éducation nationale a décidé de mettre les épreuves de spécialité en mars, afin que les résultats soient pris en compte dans les dossiers de candidature des élèves sur Parcoursup. Pour l’enseignant de philosophie, « l’année de terminale est calquée sur Parcoursup » et il faut que le bac en soit dissocié.

Si la procédure de la plateforme d’admission post-bac a lieu plus tard, selon lui, il faudrait trouver un moyen d’avoir des procédures plus rapides. « L’examen des dossiers c’est une tâche de titan dans les établissements du supérieur », explique-t-il. « Je suis enseignant de prépa, dans mon lycée on a 38 places pour 1250 dossiers, classer les dossiers représente un chantier colossal »

Ainsi, Nicolas Franck évoque le système de l’algorithme qui fait « perdre du temps à tout le monde », tant du côté des élèves que des responsables pédagogiques dans l’enseignement supérieur. « En fonction des réponses, des “oui”, “oui si”, ou “en attente”, la machine relance et redistribue tout, ce qui pose un immense problème que l’on n’avait pas avec APB et la hiérarchisation des vœux ». L’enseignant prône donc une procédure simplifiée et un retour des épreuves en juin, pour avoir une dernière année au lycée « normale et sereine »

Trouve ton diplôme
en 1 min avec Diplomeo ! Trouver mon école

Plus de contenus

Toutes les actualités
Ne manque aucune info pour t’orienter
Deux fois par mois, reçois une newsletter par mail avec l’actu et nos conseils sur l’orientation.
En cliquant sur "S’inscrire", tu acceptes les CGU et tu déclares avoir lu la politique de protection des données du site Diplomeo