Une khâgne du lycée Chaptal (7ᵉ arrondissement), l’hypokhâgne de Lamartine (9ᵉ arrondissement), l’ECG du lycée Jacques-Decour dans le même arrondissement, et l’ATS Bio Pierre-Gilles de Gennes (13ᵉ arrondissement) : ce sont les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) que le rectorat de Paris a décidé de fermer à la rentrée 2024.
Un mouvement qui s’amplifie
Tandis que les rangs des contestataires gonflent, la levée de boucliers ne désemplit pas. Le 23 novembre dernier, les professeurs du lycée Lamartine exprimaient leur mécontentement dans une tribune. Une pétition avait également été lancée par les équipes des deux CPGE littéraires menacées.
Désormais, ce sont toutes les associations de professeurs de classes préparatoires qui dénoncent la décision « arbitraire » du rectorat.
⚠️ Communiqué officiel de la Conférence des Classes Préparatoires.
➡️ APHEC, APPLS, UPA, UPLS, @UPS et @upstifr@GabrielAttal@sretailleau@Cdefi@ConferenceDesGEpic.twitter.com/1o0OGb19wm
— APHEC (@APHEC_Twit) December 4, 2023
Après une première manifestation le mercredi 6 décembre, non loin du ministère de l’Éducation nationale et rassemblant professeurs, étudiants, anciens élèves et représentants politiques, une nouvelle mobilisation est prévue ce mercredi 13 décembre, place de la Sorbonne.
Place de la sorbonne, mercredi 13 décembre, à 15h ! https://t.co/VQMV6CsPey
— UPS (@Prepas_UPS) December 9, 2023
Avant cela, des éclaircies ou du moins des éclaircissements sont peut-être à venir. Selon un post Instagram du compte de l’hypokhâgne de Chaptal, tenu par des élèves, « les professeurs des classes prépas concernées par la fermeture ont obtenu un rendez-vous au rectorat » ce mardi.
« La khâgne spécialité anglais de Chaptal, c’est quelque part où l’on se sent bien »
« Un profil de banlieue ». Ela* a entendu ces mots lors de sa première année de prépa littéraire (hypokhâgne), de la part de son établissement parisien, à son encontre. « Mes résultats étaient corrects et je m’améliorais, mais l’équipe pédagogique était catégorique : je ne continuerai pas en deuxième année chez eux. »
Un mal pour un bien : la jeune femme visait la spécialité anglais, indisponible dans son lycée d’origine. Elle persévère et candidate dans d’autres établissements de la capitale. En 2021, elle intègre alors la khâgne B, spécialité langues vivantes de Chaptal — une des quatre CPGE qui doit fermer. La rentrée suivante, elle décide même d’effectuer une deuxième année d’étude dans la même classe et khûbe. « La khâgne spécialité anglais de Chaptal, c’est quelque part où l’on se sent bien », affirme Ela, désormais étudiante normalienne à l’École normale supérieure Paris-Saclay.
D’origine asiatique et ayant grandi dans le 93, en Seine–Saint-Denis, la jeune femme n’est pas le type de profil sur lequel misent volontiers certaines grandes prépas de la capitale. « Chaptal est la seule prépa qui a su voir ma valeur, au-delà de mes origines ethnique et sociale », révèle-t-elle. « Ça me brise le cœur que ce genre de classes prépas doivent fermer, parce que cela signifie que les étudiants comme moi peineront encore plus à intégrer ces cursus de qualité ».
Ela était présente lors de la mobilisation du 6 décembre. « Si j’ai manifesté, c’est parce que j’aimerais apporter mon soutien à toutes ces prépas littéraires, scientifiques et économiques qui sont bienveillantes envers leurs élèves et vont vers plus d’ouverture sociale ». Elle évoque aussi l’idée de la réalisation de sondages auprès des étudiants et d’enquêtes sur le parcours des alumnis, de la part du rectorat, afin qu’il « cesse de prendre des décisions qui ont l’air d’être prises sur le tas ».
La décision du rectorat motivée par des places vacantes et l’ouverture de nouvelles classes prépa
Selon le communiqué du rectorat de Paris transmis à AEF info, la fermeture de ces quatre CPGE est motivée par un manque d’effectif constaté à la rentrée 2023. « Près de 70 places restaient vacantes » au sein de la première année de la prépa économique et commerciale voie générale (ECG) du lycée Jacques-Decour, avance-t-il. Pour la classe du lycée Lamartine, ce nombre s’élèverait à 48.
Pour ce qui est de la khâgne menacée à Chaptal, il s’agirait de « retrouver une organisation cylindrique » pour ne plus avoir deux classes de khâgnes de langues (divisées entre anglicistes et hispanistes).
La fermeture de l’ATS Bio de Pierre-Gilles de Gennes, quant à elle, serait la conséquence naturelle de « la réforme du concours de recrutement en école vétérinaire et en école d’ingénieur agronome pour les titulaires d’un BTS (concours de la voie C) ».
Dans la foulée, le rectorat aurait annoncé l’ouverture de trois nouvelles classes en 2024 :
- Une prépa Technologie et sciences industrielles (TSI) au lycée Chaptal
- Une prépa Économique et commerciale voie professionnelle (ECP) au lycée Lemonnier (12ᵉ arrondissement)
- Une prépa au professorat des écoles, potentiellement au lycée Henri-IV (5ᵉ arrondissement)
Le but énoncé par le rectorat : « renforcer l’ouverture sociale au sein des CPGE » et « répondre à d’autres besoins de la nation ».
*Le prénom a été modifié
