Confiance et expérimentation. Ce sont les mots d’ordre mis en avant par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Patrick Hetzel, en matière d’autonomie des établissements de formation. Lors de la conférence de presse de présentation de sa feuille de route — qui s’est tenue hier, mardi 19 novembre — le ministre a abordé plusieurs caps, dont les leviers d’action à venir des écoles et universités en matière d’autonomie et de sécurité.
En décembre 2023 — après le lancement de l’acte I, en2007, avec la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) — Emmanuel Macron annonçait l’acte II de l’autonomie des établissements de formation. De son côté, la ministre de l’Enseignement supérieur de l’époque, Sylvie Retailleau, lançait une période d’expérimentation d’un an à compter de juillet 2024.
Neuf établissements « pilotes » poursuivent alors des travaux exploratoires : Sorbonne Université, l’Université Paris-Panthéon-Assas, l’Université de Rennes, l’Université de Bordeaux, l’Université de Pau, Aix-Marseille Université, l’Université de Perpignan, l’École Centrale de Lyon et l’Université de Haute-Alsace. L’objectif : parvenir à un guide de pratiques pertinentes et ajustables, autour de plusieurs points comme la gouvernance, l’offre pédagogique, le modèle économique ou encore la gestion budgétaire et les ressources humaines.
« C’est un sujet qui me tient à cœur »
Il est de notoriété publique que le le nouveau ministre de l’Enseignement Supérieur porte un intérêt tout particulier au sujet de l’autonomie des établissements de formation. Aux origines de la loi pour l’autonomie des universités, on retrouve Patrick Hetzel.
Aujourd’hui, à la tête du ministère, ce dernier poursuit son cap. Le ministre défend un projet d’autonomie qui doit aller « plus loin », en prenant en compte les particularités de chaque établissement. L’enjeu qu’il identifie est en rapport avec la compétitivité internationale des universités et écoles françaises. Si l’autonomie « n’est pas une fin en soi », il s’agit de « doter [les] établissements d’une véritable capacité stratégique ».
Introduire ou réintroduire une « culture de la prise de risque »
Le ministre envisage des évolutions réglementaires, « voire parfois législatives », pour parer quelques dysfonctionnements. En parallèle, c’est la réintroduction d’une « culture de la prise risque » qu’il prône. Cela annonce des chantiers importants à venir. 2027 : c’est le cap que se fixe Patrick Hetzel pour construire un nouveau « cadre juridique de l’autonomie ».
Patrick Hetzel, ministre de l’Enseignement supérieur, dévoile sa feuille de route au Figaro
L’ouverture sur le monde des universités : entre « richesse » et « source de vulnérabilité »
Doter les établissements de plus de pouvoir en matière d’autonomie, oui, mais pas seulement. Le ministre aspire aussi — « à court terme » - à « permettre aux présidents d’universités et aux recteurs de mobiliser les outils du droit pour répondre de façon proportionnée aux évènements perturbateurs ».
Sans surprise, le ministre qui avait porté en avril dernier — en tant que député — une proposition de résolution destinée à créer « une commission d’enquête relative à l’entrisme idéologique et aux dérives islamo-gauchistes dans l’enseignement supérieur », fait essentiellement allusion aux différentes mobilisations étudiantes pro-palestiniennes qui ont pu avoir lieu depuis le début de l’année académique 2023-2024.
L’objectif énoncé par le ministre est le suivant : « protéger le service public de l’Enseignement supérieur et de la Recherche » et le maintenir « à l’écart de toute instrumentalisation politique ». Dans le même temps, il s’agirait de protéger l’ensemble de la communauté estudiantine des « dérives antisémites et racistes », en renforçant, d’une part, l’action du réseau des référents racisme et antisémitisme.
Pour la fin de l’année : le lancement d’une boite à outils pour lutter contre l’antisémitisme et le racisme
La conférence de presse de présentation de sa feuille de route a aussi permis à Patrick Hetzel d’annoncer la mise en place d’une mission flash à la fin de l’année : la mise à disposition d’une « boite à outils », pour les présidents et directeurs des établissements de formation, permettant de lutter plus efficacement contre les dérives citées.