L’éducation : « la dépense la plus rentable pour le développement économique mondial » rappelle l’Unesco

Lundi 17 juin, l’Unesco a présenté son nouveau rapport sur les coûts économiques et sociétaux de la déscolarisation des enfants dans le monde. L’institution dresse une feuille de route pour faire de l’Objectif de Développement Durable 4 « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité », une réalité.
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© Diplomeo / Maeva-Simone Tjang : Gabriel Boric, président du Chili, à l’Unesco

En 2015, les 193 États membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) se sont engagés pour une société plus durable en adoptant l’Agenda 2030. Il fixe 17 Objectifs de Développement Durables (ODD) parmi lesquels l’ODD 4 : garantir l’accès à tous et toutes à une éducation équitable, gratuite et de qualité, en éliminant les disparités entre les sexes et les revenus.

À 5 ans de la date butoir, l’Unesco fait le point sur la situation mondiale en matière d’éducation des jeunes générations, en présentant son rapport « Le prix de l’inaction : les coûts privés, fiscaux et sociaux à l’échelle mondiale des enfants et des jeunes qui n’apprennent pas ». Retour sur le bilan et les conseils mis en avant par l’organisation mondiale.

Les carences éducatives coûtent 10 000 milliards de dollars par an

L’éducation est un droit humain universel. L’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies (1948) dispose que : « Toute personne a droit à l’éducation ». Pourtant, Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, dresse un constat clair : « malgré les décennies de progrès en termes d’éducation, 250 millions d’enfants dans le monde restent exclus des bancs de l’école. C’est 6 millions de plus qu’en 2021 ». 

Les recommandations 1, 2 et 3 de l’Unesco pour l’ODD 4

– Offrir 12 années d’instruction gratuite, inclusive, équitable et financée par des fonds publics

– Créer des environnements d’apprentissage transformateur et qui promeuvent l’égalité

– Intervenir tôt en investissant dans l’éducation préscolaire des filles et des garçons

🔎  Le rapport chiffre à 128 millions le nombre de garçons et 122 millions le nombre de filles qui ne sont pas scolarisés dans le monde. Ce déficit éducatif a des effets économiques alarmants. Il ampute l’économie mondiale de 10 000 milliards de dollars par an

Cela représente plus que les PIB annuels de la France et du Japon réunis, lesquels sont « deux des plus fortes économies au monde », souligne Matthias Eck, spécialiste de programme à l’Unesco, section de l’éducation en vue de l’inclusion et de l’égalité des genres. Pour Michael Oborne, figure importante de l’OCDE, « L’éducation représente la dépense la plus rentable pour le développement économique ».

Au-delà des conséquences économiques, des dégâts sociétaux considérables

Le manque d’accès à l’éducation primaire et secondaire a des conséquences cognitives sur les enfants : ils n’ont pas les compétences de base. De quoi parle-t-on ? L’interprétation simple des textes et la réalisation d’opérations mathématiques élémentaires, par exemple. 

💡 Le rapport révèle que ces lacunes chez les individus augmentent fortement l’insécurité et les disparités dans les sociétés. Au niveau mondial, elles sont associées à une augmentation de 69 % des grossesses précoces. Ce n’est pas tout. Elles causent aussi une hausse de 57 % d’homicides, de 39 % de vols qualifiés, de 37 % d’agressions physiques et de 27 % de violences sexuelles dans le monde.

🌍 Les régions du monde les plus touchées par l’abandon scolaire précoce et les lacunes en compétences de base en termes de grossesses précoces et de crimes sont les suivantes : l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et de l’Ouest, ainsi que l’Afrique du Nord avec le Proche-Orient, suivies de l’Asie de l’Est et le Pacifique, l’Amérique latine et les Caraïbes.

Les recommandations 4, 5 et 6 de l’Unesco pour l’ODD 4

– Éviter l’orientation précoce, apporter un soutien scolaire et offrir une deuxième chance

– Améliorer les infrastructures scolaires (approvisionnement en eau, réduction des effectifs par classe et de la distance foyer-école)

– Améliorer la qualité de l’éducation en recrutant du personnel enseignant qualifié

Le manque de compétences de base augmente également de 38 % la part de jeunes adultes qui ne sont ni en emploi ni en études ou en formation (les NEET) dans le monde. Plus particulièrement, en Afrique subsaharienne, la déscolarisation précoce accroît de 40 % le nombre de NEET. 

🔎  Ce chiffre s’élève à 31 % pour les pays arabes et 29 % pour l’Asie du Sud-Ouest. Par opposition, en Asie centrale, Europe centrale et de l’Est, ainsi qu’en Amérique du Nord et Europe de l’Ouest, des taux de déscolarisation moins importants n’élèvent que de 8, 10 et 11 % le taux de NEET. 

La mise en péril de l’accès à l’éducation infantile prive aussi les enfants de plusieurs compétences sociales et émotionnelles comme la curiosité, la créativité ou encore l’empathie. Elles définissent la façon dont on interagit avec les autres et la facilité à prendre des décisions responsables. En bref, elles influencent les émotions et les comportements. Pour Michael Oborne de l’OCDE, ces compétences sont des « indicateurs importants de la réussite scolaire. Quand les étudiants ont un sens de la curiosité élevé, les résultats académiques suivent ».

La déscolarisation précoce : cause et conséquence de l’insécurité et de la pauvreté

Plusieurs facteurs compromettent l’accès des enfants à l’éducation : la pauvreté, les discriminationsde genre et l’insécurité généralisée. Sans surprise, les régions du monde les plus concernées par le travail infantile sont aussi les plus touchées par les carences éducatives. À cela s’ajoute aussi l’absence de prise en compte des besoins spécifiques en éducation des enfants atteints de handicap dans plusieurs pays. 

Michael Oborne (OCDE) identifie plusieurs systèmes éducatifs vertueux, à l’image de l’Estonie, du Japon, Singapour ou de la Corée du Sud. Ils sont la preuve que parvenir à un enseignement de qualité pour toutes et tous, « C’est réalisable », se réjouit-il. 

➡️  Pour Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, l’ODD 4 est « la poutre maîtresse de tout l’agenda 2030 », ainsi qu’un « investissement indispensable à la paix ». Dans un monde « de plus en plus fracturé par des crises et conflits », elle appuie également sur l’urgence d’« investir non pas dans n’importe quelle éducation, mais dans une éducation qui contribue à la paix, au respect et à la compréhension de l’autre ». 

Les recommandations 7, 8, 9 et 10 de l’Unesco pour l’ODD 4

– Sensibiliser les communautés locales et les parents à l’importance de l’achèvement d’un cycle complet d’enseignement de base par les filles et les garçons

– Prendre en compte la santé et le bien-être mental des élèves, notamment en assurant une éducation complète à la sexualité pour prévenir toutes les formes de violence de genre en milieu scolaire

– Mettre les apprenants en relation avec le monde du travail

– Réaliser des évaluations et recherches rigoureuses afin d’identifier ce qui fonctionne pour que les filles et garçons poursuivent leur scolarité ou retrouvent le chemin de l’école

💡 Dans cette optique, l’Unesco identifie de nouvelles problématiques qui doivent être intégrées aux nouvelles expériences d’apprentissage : la crise climatique ainsi que la transition numérique avec l’essor de l’intelligence artificielle. L’objectif : sensibiliser à des modes de consommation et production responsables et lutter contre la désinformation. 

Gabriel Boric, le président du Chili, était également présent au siège de l’Unesco pour présenter le rapport, en sa qualité de co-président — avec Audrey Azoulay — du Comité directeur de haut niveau pour une éducation de qualité pour tous. Il rappelle la nécessité de mettre en place des mesures contre la précarité qui touche les enfants en parallèle d’une scolarisation. « On ne peut pas étudier avec un ventre qui crie famine », déclare-t-il.

Le chef d’État appelle l’ensemble des pays à collaborer pour « semer les graines d’un monde plus uni, dans lequel toutes et tous ont l’opportunité de s’épanouir et de contribuer au progrès ». Prochaine étape : la Réunion mondiale sur l’éducation en octobre. 

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