"Étudier est un droit, pas un privilège !". Voilà le slogan scandé devant les grilles restées closes du ministère de l’Enseignement supérieur, dans le Ve arrondissement de Paris, ce mardi 19 septembre, par les quelques dizaines d’étudiants rassemblés sous les drapeaux de leurs syndicats.
Comme à Montpellier, Lyon, Bordeaux ou Lille, ils ont répondu à l’appel pour la mobilisation nationale en soutien aux "sans fac", ces étudiants diplômés qui n’ont pas été admis en master ou en licence. Cette année encore, des milliers d’entre eux sont concernés. Ils étaient 295.000, sur 930.000 candidats Parcoursup, à la rentrée 2022, à n’avoir reçu aucune proposition d’inscription, ou à avoir été inscrits dans une formation qui ne correspondait pas à leur projet d’études.
🟠 Etudier est un droit, pas un privilège ! L'UNEF était présente ce soir au rassemblement devant le ministère de l'enseignement supérieur pour exiger l'inscription de tou.te.s. @sretailleau inscrivez tout le monde, sinon ce soir ne sera que le début d'un long combat ! pic.twitter.com/zZTZrv3sg3
— UNEF (@UNEF) September 19, 2023
"Je me sens frustrée et confuse"
C’est le cas de Crystale, 18 ans, qui se retrouve sans fac pour cette rentrée universitaire. "J’ai été en attente sur Parcoursup, pour une licence à Nanterre, mais très mal classée", explique la bachelière dont le rêve est d’étudier les sciences politiques. Si elle a reçu des propositions d’inscription dans d’autres fac que Nanterre, elle a dû les décliner pour des raisons géographiques, sa condition médicale ne lui permettant pas de se déplacer trop loin. "Je me sens frustrée et confuse", confie la jeune femme, qui a passé l’été à faire des démarches pour tenter de faire avancer son dossier, en vain.
"J’ai été acceptée dans une licence que je ne voulais pas, cela montre bien qu’il n’y a pas assez de place à l’université", témoigne de son côté Catherine, 22 ans. Après trois années de licence, elle a été refusée en BUT, et s’est inscrite malgré elle en licence 1 de polonais. "J’attends des choses concrètes de la part du gouvernement", ajoute-t-elle.
"Sélection sociale"
Derrière ce phénomène, la sélection à l’université, instaurée depuis 2017, dénoncée par l’ensemble des syndicats (Unef, Union Étudiante, Jeunes Écologistes, NPA jeunes ou encore les Jeunes Insoumis). Résultat : "il y a de moins en moins d’étudiants inscrits dans le public, alors que les rangs s’élargissent dans le privé", déplore Mickaël, élu Unef à Nanterre.
"Cela met en concurrence les facs avec le privé et précarise les étudiants" note-t-il. D’autant que les étudiants qui restent sur le carreau sont "les moins favorisés", selon le jeune homme, qui déplore une "sélection sociale". D'une même voix avec les syndicats, il réclame l’inscription de tous les "sans fac", la fin de la sélection à l’université ou encore la création en urgence de 150.000 places à l’université, avec les moyens nécessaires pour financer ces places.
"La sélection actuelle est mal faite : alors que les étudiants ont le niveau pour certaines formations, ils doivent galérer en envoyant des mails et en appelant les rectorats pour parvenir à intégrer leur formation", confirme Hector, 21 ans. L’étudiant en M1 droit social à Paris regrette une "gestion de dernière minute" de la part de l’Enseignement supérieur, ainsi que les inégalités générées par la réforme du baccalauréat.
Alors que la rentrée universitaire a débuté depuis deux semaines dans certaines universités, les syndicats annoncent la couleur : ils ne "lâcheront rien" tant qu'ils n'obtiendront pas de rendez-vous avec la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau. Et que tous les "sans fac" soient inscrits dans la formation de leur choix.