Les stéréotypes de genre ont la peau dure. L’AFMD (l’Association française des managers de la diversité) a dévoilé hier son baromètre 2023 sur le sujet.
L’étude réalisée en partenariat avec la CGE (Conférence des grandes écoles) et l’école de management ESC Clermont répond à deux objectifs majeurs : faire le point sur les stéréotypes de genre qui circulent du côté des étudiants des grandes écoles et en mesurer l’influence dans les parcours de formation.
Au total, 4236 étudiants et étudiantes des écoles de management (24,8 % du panel) et d’ingénieurs (75,2 %) membres de l’AFMD et de la CGE ont répondu.
Verdict : chez les jeunes aussi (principalement entre 20 et 22 ans), les stéréotypes de genres persistent.
Une vision globale égalitaire, mais des compétences professionnelles genrées
8 étudiants sur 10 considèrent que les hommes et les femmes possèdent des compétences et des qualités professionnelles identiques. Ils estiment que le travail en équipe, la polyvalence, la rigueur ou l’esprit de synthèse, par exemple, sont des savoir-faire et savoir-être présents chez les deux genres.
Cependant, parmi eux, la majorité (60,5 %) estime également que certaines qualités sont davantage féminines et d’autres, masculines. Les sondés associent aux femmes l’empathie, l’écoute, la sensibilité et la communication : des compétences plutôt « ancrées dans des imaginaires d’assistanat et de soin », détaille l’étude.
Pour les hommes, ce sont plutôt la confiance en soi, la gestion du stress, l’autorité et le leadership qui leur sont associés. Cette fois-ci, les compétences sont liées à la « direction » et à la « décision ».
L’enquête ne décrit pas la part de femmes et d’hommes qui associe spécifiquement chaque qualité à un genre : un détail qui, peut-être, doit laisser deviner que quel que soit son genre, chacun véhicule des stéréotypes à la fois sur le genre opposé et le sien. Ce sont les phénomènes d’hétérostéréotypes et d’autostéréotypes.
Une qualité présente chez les deux genres, sans pour autant signifier la même chose pour les deux : l’ambition
En dépit des stéréotypes de genre largement partagés sur les compétences professionnelles, femme comme homme se dit ambitieux : 76,4 % des étudiants interrogés se considèrent comme tels. Une interprétation possible de ce chiffre consiste alors au fait qu’ils ne se borneraient pas à la vision commune associée à leur genre.
Il y aurait même plus d’ambitieuses que d’ambitieux. Parmi les étudiants qui s’identifient à cet état d’esprit, il y a 56,2 % de femmes contre 43,8 % d’hommes. À noter tout de même que les étudiantes (55,8 %) sont davantage représentées dans le panel de l’enquête que les étudiants (44,2 %).
L’enquête révèle également que « les marqueurs de l’ambition ne sont pas les mêmes chez les jeunes femmes et les jeunes hommes ». De fait, près d’une étudiante ambitieuse sur deux cite en premierlieu de ses attentes professionnelles le fait d’aider les autres ou la planète. Avoir un équilibre de vie (43,3 %) et une rémunération satisfaisante (42,9 %) se placent ensuite en deuxième et troisième position des motifs les plus cités.
Pour leurs homologues masculins, il s’agit avant tout d’avoir une rémunération satisfaisante(42,9 %), d’apprendre, comprendre et résoudre des problèmes (42 %) et d’avoir un équilibre de vie (28,8 %).