La période d’essai est un mot que tu entendras souvent au début de tes contrats ! Si elle permet à l’entreprise de vérifier que tu es le candidat idéal pour un poste, c’est aussi un moyen pour toi de savoir si les missions que l’on te confie te plaisent.
Cette étape de nombreux contrats, que ce soient des CDD ou des CDI, est souvent vue comme source de stress. Les propriétaires sont réticents à louer un appartement à des jeunes diplômés en période d’essai. Il est aussi plus difficile de faire un prêt pour acheter une voiture, par exemple. Et, bien évidemment, tu as le stress de ne pas être validé. Mais tu as des droits ! Diplomeo te les explique en quelques questions clés.
Concrètement, qu’est-ce qu’une période d’essai ?
Une période d’essai est un temps bien défini dans un contrat de travail signé. Elle est préalable à la prise de poste définitive et permet de s’assurer que l’employé correspond au poste et inversement, que le poste convient aux attentes du salarié. C’est le moment pour toi d’analyser l’ambiance, le rythme de travail, la bienveillance des collègues ou des managers. En bref, tu dois vraiment en profiter pour t’assurer que ce job est taillé pour toi !
Yannick Castel est manager-recruteur dans un groupe de restauration. Il accompagne également de jeunes entreprises dans leur développement. Chaque année, ce Breton procède à une quarantaine de recrutement pour ses équipes. Il explique : « La période d’essai, c’est une soupape de sécurité. Un moyen d’apprendre à se connaître et se vérifier, des deux côtés ». Certes, mais elle ne doit pas être faite n’importe comment !
La période d'essai est-elle obligatoire ?
Non ! La grande majorité des entreprises ont recours à cet outil pour mesurer les compétences des salariés, mais ce n’est pas une obligation. Toutefois, si on te demande de réaliser une période d’essai, il faut absolument le mentionner dans ton contrat ! Doivent également y figurer les modalités de renouvellement et de préavis.
« Je conseille d’en inscrire une dans le contrat. Il m’est arrivé d’aider des startups à recruter des ingénieurs et elles ne comptaient pas faire de période d’essai, explique Yannick Castel. Un salarié peut avoir passé toutes les étapes de recrutement, le premier mois peut très bien se passer, puis le deuxième moins bien et ainsi de suite. Il faut accepter l’idée qu’on peut se tromper lors d’une embauche et ne pas prendre de risque inutilement. »
Si tu signes un CDI à l’issue d’un contrat d’apprentissage, ton employeur ne peut pas t’imposer une période d’essai. Tu peux la demander, si tu le souhaites, mais elle ne peut être obligatoire. Il en va de même pour un CDI signé après un CDD. Dans ce cadre, la durée de tes CDD est déduite de ta période d’essai
Combien de temps dure la période d'essai ?
La durée de ce test dépend du poste visé (CDD, CDI, alternance ou intérim) et de la catégorie socioprofessionnelle. La durée maximale est fixée en fonction de ces deux critères, même si certaines conventions collectives peuvent être avantageuses.
La durée de la période d’essai et du préavis en CDI
Dans ce cas, la période d’essai dépend de ton statut. Si tu es ouvrier ou employé, elle dure 2 mois, renouvelable une fois. Si tu as un statut d’agent de maîtrise, elle est de 3 mois, renouvelable une fois. Enfin, les cadres peuvent passer jusqu’à 8 mois (deux fois 4 mois) en période d’essai !
Le préavis, lui, dépend du temps que tu as passé en entreprise.
Durée dans l’entreprise | Délai pour le salarié | Délai pour l’employeur |
Moins de 8 jours | 24 heures | 24 heures |
Entre 8 jours et 1 mois | 48 heures | 48 heures |
Entre 1 et 3 mois | 48 heures | 2 semaines |
Plus de 3 mois | 48 heures | 1 mois |
Attention : certaines conventions collectives permettent d’avoir des avantages. Par exemple, si tu es sous la convention Syntec, le délai de prévenance pour l’employeur passe à 6 semaines quand tu as passé plus de 6 mois dans l’entreprise. Sous la convention des métiers de l’éducation, la période d’essai ne peut pas dépasser les 3 mois (renouvelables une fois), même pour les cadres. Renseigne-toi bien avant de signer !
La durée de la période d’essai et le préavis pour un CDD
En CDD, c’est la durée de ton contrat qui définira la durée de ta période d’essai. Si ton CDD dure moins de 6 mois, alors elle ne peut dépasser les 2 semaines. On calcule sa durée en comptant un jour par semaine de contrat. Si ton contrat dure 3 semaines, alors tu n’auras une période d’essai que de 3 jours. Si ton contrat dépasse 6 mois, le calcul est le même. Mais la période d’essai ne peut dépasser un mois.
En ce qui concerne le délai de prévenance, c’est le même que pour un CDI. Ton employeur a entre 24 heures et 1 mois pour te prévenir, tandis que tu peux l’avertir que tu romps ton contrat seulement 24 à 48 heures avant.
La durée de la période d’essai et le préavis en intérim
Lors d’une mission d’intérim, la période d’essai dure 2 jours pour les contrats d'un mois ou moins, 3 jours pour les contrats entre 1 et 2 mois et 5 jours pour les contrats de plus de 2 mois. Là encore, le délai de prévenance pour mettre fin à ton contrat est le même que pour un CDI.
La durée de la période d’essai et le préavis en alternance
Tu ne le sais peut-être pas, mais en alternance aussi tu as droit à une période d’essai. Elle doit également être mentionnée sur ton contrat de travail. Elle dure 45 jours. Mais il y a un petit twist : seuls les jours travaillés comptent. Cela correspond donc à 9 semaines, si jamais tu travailles 5 jours par semaine. On parle alors de période probatoire.
Comment bien réussir sa période d’essai ?
« La clé, c’est la communication et l’échange entre les parties. Il faut faire des points réguliers pour juger si l’essai se passe bien pour l’un et l’autre », estime Yannick Castel. Attention aussi au stress et à la pression que peut engendrer ce temps. Marina Winzer se souvient de son entrée au service culture d’une collectivité bretonne, en novembre 2015. « J’ai donné mon maximum lors de ces deux mois d’essai, c’est ce qu’il faut faire mais sans se mettre trop de pression. Il faut rapidement se mettre dans le bain, comme si on allait passer le cap de la période d’essai et surtout ne pas se dire que le verdict va tomber dans tant de jours. »
En somme, le conseil à retenir est de faire de son mieux sans se mettre une pression inutile qui risquerait de fausser votre image et la réalité de votre travail.
Que se passe-t-il une fois la période d'essai terminée ?
Une fois le temps d’essai terminé, il peut être renouvelé une fois. La prolongation ne peut être supérieure à la durée initiale de l’essai. Par exemple, la période d’essai d’un employé en CDI, fixée à 2 mois, pourra être prolonger pour atteindre 4 mois d’essai au maximum. Cette possibilité de renouvellement doit être précisée en amont dans le contrat et un avenant doit être signé par les deux parties. Le renouvellement ne peut se faire sans ton accord.
Que se passe-t-il si l'essai est concluant ?
S'il n’est pas nécessaire de rallonger l’essai et qu’il s’est avéré concluant, le salarié enchaine automatiquement avec la suite de son contrat. Dans ces cas-là, si tu souhaites quitter ton emploi, tu devras démissionner ou tenter de décrocher une rupture conventionnelle.
Dans ce cadre-là, tu devras respecter une période de préavis qui dure entre 1 et 3 mois, selon ton statut. Tu peux toutefois la négocier avec un employeur.
Et si la période d'essai n'a pas été concluante ?
Dans la situation où l’une des parties prenantes du contrat souhaite rompre la période d’essai, il existe des délais de prévenance.
- Pour l’employeur, il est de 24 heures, si l’employé a passé moins de 8 jours dans l'entreprise ; 48 heures, pour 8 jours à 1 mois de présence ; 2 semaines, pour 1 à 3 mois de présence et 1 mois, pour plus de 3 mois de travail.
- Du côté du salarié, il est de 24 heures s'il a passé moins de 8 jours dans l'entreprise et 48 heures à l'avance pour une durée plus importante.
Il n’est pas obligatoire de justifier la rupture. Si elle émane de l’employeur, elle ne doit évidemment pas comporter de caractère abusif, auquel cas le tribunal des prud’hommes peut être saisi.
Lorsque que c’est l’employeur qui casse le contrat, le salarié peut percevoir des indemnités de Pôle Emploi. Dans le cas contraire, le salarié est considéré comme responsable de la rupture du contrat, le versement d’indemnités n’est donc pas automatique.