Le concours de Sciences Po va connaître de nouveaux ajustements. La procédure d’admission de l’école fait peau neuve pour 2025. Ainsi, les futurs candidats intéressés par l’établissement qui entreront en classe de terminale en septembre prochain et qui passeront le bac l’année prochaine sont concernés.
L’Institut de sciences politiques souhaite privilégier l’épreuve orale du concours d’entrée en première année après le bac et accorder moins de place aux résultats scolaires du lycée. Les nouvelles modalités d’admission prendront effet dès la rentrée 2025.
Une épreuve orale qui comptera pour 50 % de la note finale
Pour intégrer la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume, plusieurs critères sont pris en compte dans le dossier de candidature. La première épreuve (notée sur 20) réside dans l’analyse du dossier scolaire du lycée : la performance académique et la « trajectoire » du candidat, avec les bulletins scolaires de première et de terminale, les appréciations des professeurs, etc. La seconde épreuve, notée sur 20, concerne, quant à elle, les notes obtenues au bac, notamment celles des épreuves anticipées de français.
Dans un second temps, les candidats plancheront sur deux épreuves écrites (notées sur 20) : une épreuve rédactionnelle sur leur motivation pour intégrer l’IEP et un second essai sur un sujet proposé par le jury d’admission de l’école.
Si les élèves ont de bons résultats dans ces premières épreuves, ils seront retenus pour passer l’épreuve orale. C’est la grande nouveauté du concours : notée sur 60, celle-ci compte pour 50 % de la note finale (au lieu de 25 % jusqu’à présent) pour intégrer l’établissement. Sciences Po souhaite que cette épreuve aille de pair avec le grand oral du bac.
« Durant un échange (en ligne) d’environ 25 minutes, le candidat doit montrer sa capacité à mener un échange, son attitude face aux questions, la solidité de son potentiel », peut-on lire sur le site de l’école.
L’épreuve orale se déroule en trois temps :
- présentation personnelle
- commentaire et analyse d’une image au choix (deux visuels sont proposés)
- échange avec le jury pour mieux cerner le projet et les motivations des candidats
À l’issue, la note finale du concours sera de 120 points au total (au lieu de 80 initialement) pour être admis à Sciences Po.
Un ajustement en faveur des candidats issus de milieux favorisés ?
Depuis quelques années, Sciences Po a établi des partenariats en faveur de l’égalité des chances entre les candidats. L’établissement compte plus de 200 partenaires et organise traditionnellement un séminaire « L’Égalité des chances », qui a lieu au mois de janvier.
Puis une réforme de la procédure d’admission en première année du « Collège Universitaire a permis, via Parcoursup, une visibilité de l’offre de formation à un plus grand nombre, et notamment des lycéens qui ne se seraient pas autorisés à imaginer rejoindre les bancs de Sciences Po », apprend-on sur le site de l’école.
Néanmoins, la place prépondérante accordée à l’épreuve orale va-t-elle favoriser les élèves issus de milieux favorisés au détriment des autres candidats ? « C’est très technique, mais le diable est dans les détails », explique un directeur d’IEP, dans les colonnes du Parisien.
Si les résultats scolaires sont moins pris en compte, cela resterait avantageux pour les élèves issus de lycées prestigieux. « Les lycées privés ont l’habitude de saquer leurs élèves. À Stanislas, un 12 sur 20 vaut un 17 ou un 18 dans beaucoup d’autres établissements moins huppés », affirme le directeur au quotidien.
Par ailleurs, un enseignant du second degré qui fait passer le grand oral souffle au Parisien que la hausse de la note de l’épreuve orale peut faciliter l’insertion des candidats issus « de lycées d’élite ». Selon lui, ils ont « les codes de l’oralité » et « l’entourage nécessaire pour s’entraîner », avec par exemple « une maman cheffe d’entreprise qui entraîne son ado à l’oral ». Reste à savoir si des dispositifs d’aide à la préparation des épreuves du concours de Sciences Po seront mis en place, pour favoriser l’égalité des chances.