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Faible réussite en licence : bientôt une sélection à l’université ?

La ministre de l’Enseignement supérieur et des députés ont participé à une commission à l’Assemblée nationale pour évoquer les conditions d’accès à l’université, alors que seulement 47% des étudiants inscrits valident leur licence. Décryptage.
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La faculté de médecine de l’Université Paris Cité. © HJBC / Adobe Stock

« Où en est la France en termes de réussite en licence ? » : c’est sur cette interrogation du député Renaissance — la majorité présidentielle — du Bas-Rhin, Charles Sitzenstuhl, que débute la séance d’évaluation relative à l’évaluation de la réussite des étudiants du premier cycle universitaire à l'Assemblée nationale

Cette commission a été présidée ce mardi 21 mai 2024 par le député de Seine–Saint-Denis de La France insoumise (LFI), Éric Coquerel, en présence de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, et d’autres élus de différents bords politiques. Plusieurs cas de figure ont émané lors de la séance, notamment la question d’une sélection à l’entrée de l’université.

47 % des étudiants obtiennent leur licence en 3 ou 4 ans 

Le député Renaissance Charles Sitzenstuhl s’est focalisé sur un premier indicateur : le taux de réussite en licence. Selon lui, les étudiants réussissent de façon insuffisante dans l’Hexagone, car moins d’un élève sur 2 (47 %) obtient une licence en trois ou quatre ans, pour les « bacheliers rentrés en 2018 ». 

Si ce chiffre connaît une « nette » amélioration ces dernières années, par rapport aux 41 % de la session 2012 du bac, l’élu du Bas-Rhin estime que cela reste « légèrement inférieur à la moyenne de l’OCDE ».

Il en va de même pour le nombre d’étudiants qui entrent en deuxième année de licence (L2) : le chiffre progresse (45,4 % pour les bacheliers de 2018, contre moins de 40 % pour ceux de 2012). Néanmoins, une exception notable est constatée : celle d’une nouvelle baisse du taux de réussite en L1, depuis la crise sanitaire liée au Covid-19. 

Réorientation : « peut-on parler d’échec ? », interroge Sylvie Retailleau

La ministre de l’Enseignement supérieur a pris la parole pour évoquer les raisons de l’échec des étudiants en licence universitaire. « La licence est vue comme un diplôme au fort taux d’échec et cette image mérite d’être nuancée et expliquée », insiste-t-elle. « Le suivi d’un parcours de licence en trois ou quatre années ne permet seul de mesurer la notion de réussite ou d’échec », ajoute-t-elle. 

Pour Sylvie Retailleau, il convient de s’interroger sur les réorientations des étudiants qui sont monnaie courante pendant leurs études supérieures à l’université. De ce fait, les « indicateurs pour évaluer » la réussite du premier cycle universitaire nécessitent d’être « complétés », car ils incluent ces réorientations et des « acquisitions de compétences par des approches plus diverses ». Elle rappelle que dans ce contexte, la communauté estudiantine bénéficie de passerelles et des années rebond.

La ministre évoque également « le contexte d’accès à la formation » ainsi que « la corrélation entre assiduité et réussite ». Ainsi, quand un jeune troque sa filière pour une autre et qu’il arrive à décrocher son précieux sésame, « peut-on parler d’échec ? », s’interroge alors Sylvie Retailleau. « On pourrait finalement estimer que c’est la sortie du système éducatif in fine, sans aucun diplôme, qui est réellement synonyme d’échec ». Cela correspond, à ce jour, à 22 % des étudiants de licence ou de bachelor. 

La question d’une sélection post-bac à l’université sur la table 

Dans le sillage de ses annonces, la ministre de l’ESR met l’accent sur les formations sélectives, à l’image des classes préparatoires, des doubles licences ou encore des BUT. Selon elle, les élèves ayant de meilleurs résultats se dirigent vers ces cursus. « À caractéristiques de formations et profils étudiants similaires, nous faisons au moins aussi bien, sinon mieux, réussir nos étudiants », explique Sylvie Retailleau.

Elle stipule que les données liées à la réussite « ne sont pas le reflet d’une mauvaise qualité de la formation », mais la conséquence « d’une dévalorisation de la licence face aux filières sélectives, avec une concentration dans les non-sélectives d’un public refusé dans les autres ». 

De ce fait, la question d’une sélection à l’entrée à l’université, comme c’est le cas au Royaume-Uni,se pose pour certains participants de la commission. « Offrir à tous les bacheliers qui le souhaitent une place à l’université alors qu’ils sont souvent mal préparés et mal orientés est une stratégie inefficace et à mon sens très hypocrite vis-à-vis du fonctionnement implicite de notre société », tacle Charles Sitzenstuhl. 

De son côté, le député Rassemblement national (RN) de l’Oise, Alexandre Sabatou, va également dans ce sens. Tandis qu’il pointe un « problème d’orientation » des étudiants, il propose une solution liée à la sélectivité à l’université, sur le même modèle qu’outre-Manche. Une mesure qui permettrait, selon lui, « de rendre service aux étudiants en les réorientant mieux et en leur faisant moins perdre du temps »

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À l’inverse, le président de la Commission des Finances, Éric Coquerel (LFI), s’oppose fermement à une sélection des candidats pour entrer à l’université. Une mesure qui, selon lui, serait délétère pour les jeunes issus des milieux moins favorisés.« Les conséquences sont toujours plus grandes pour les enfants issus des classes défavorisées et l’effort doit être mis sur cette question plutôt que de renforcer la sélection », a-t-il insisté.

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