Longtemps perçue comme un milieu fermé, très masculin et peu accueillant, la finance est aujourd’hui en pleine mutation. Lors d’une table ronde dédiée aux femmes, aux affaires et au pouvoir, et organisée par la Women in Finance Chair de l’ESCP Business School en novembre dernier, plusieurs figures majeures du secteur ont partagé un message clair : la finance a besoin de plus de talents féminins et des leviers concrets sont déjà en place pour qu’elles s’y épanouissent.
Si tu es au lycée, en études supérieures ou simplement en train de te demander si la finance pourrait être faite pour toi, voici ce qu’il faut retenir !
La finance, ça peut commencer plus tôt qu’en école de commerce
Premier enseignement clé issu des recherches présentées lors de l’événement : l’exposition précoce à la finance fait toute la différence ! Aujourd’hui encore, de nombreuses femmes découvrent ce secteur tardivement, parfois après avoir déjà fait des choix d’orientation difficiles à remettre en question.
La finance reste souvent perçue comme réservée aux initiés. Résultat : certaines jeunes femmes n’osent même pas envisager cette voie ni s’y intéresser dans leur vie quotidienne. Elles s’autocensurent. Les mentalités ont tout de même changé et continuent d’évoluer.
Marie-Pierre Rixain, députée française et architecte de la loi Rixain sur l’égalité professionnelle et économique entre les genres, a prononcé le discours inaugural de la table ronde organisée par l’ESCP. Elle l’a rappelé : les femmes épargnent désormais à des niveaux comparables à ceux des hommes. Toutefois, des progrès sont encore à faire en matière d’investissement.
Promulguée le 24 décembre 2021, la loi Rixain vise à renforcer l’émancipation économique des femmes. Elle impose aux grandes entreprises d’atteindre 40 % de femmes dans les postes de direction d’ici 2030, sous peine de sanctions financières.
Pour les intervenants, cela va sans dire : on n’a pas besoin d’avoir tout compris à la finance pour s’y intéresser. D’où l’importance croissante accordée aux stages de découverte, aux expériences d’initiation et aux opportunités accessibles sans prérequis pointus. Ces premiers pas doivent surtout permettre de gagner en confiance, de développer un intérêt et de se projeter.
Réussir en finance, ce n’est plus avancer seule dans son coin
Parfois, même motivées, les jeunes femmes ne peuvent pas avancer seules : l’accompagnement joue un rôle clé pour transformer l’intérêt pour la finance en véritable projet professionnel.
Nathalie Rossiensky, Senior Private Banker & Capital Partner chez Lombard Odier, a insisté sur l’importance de repérer les talents dès le début de leur parcours, mais aussi de leur offrir un cadre clair pour évoluer. Cela passe par des trajectoires académiques et professionnelles lisibles, mais surtout par deux leviers clés : le mentorat et le sponsoring.
Le mentorat permet d’être conseillée, guidée, rassurée. Le sponsoring, lui, va plus loin : il s’agit de personnes prêtes à parler de toi, te recommander et soutenir ton évolution, même quand tu n’es pas présente. C’est aussi là que la puissance du réseau entre en scène. Professeurs, anciens camarades, professionnels rencontrés en stage… Ce sont souvent ces rencontres qui ouvrent les portes. Entretiens tes relations !
Les acteurs du secteur prennent peu à peu conscience de la nécessité de bâtir des environnements inclusifs, où les femmes peuvent pleinement affirmer leur présence et leur influence.
Des secteurs encore masculins, mais qui ont besoin de toi si tu en as envie
Non, la finance n’est pas encore un monde parfaitement égalitaire. Oui, des obstacles subsistent. Mais, une chose est certaine : les lignes bougent, les modèles se diversifient et les opportunités se multiplient pour les femmes !
Finance d’infrastructure, conseil, private equity… ces univers restent encore très largement dominés par les hommes. Marion Calcine, Chief Investment Officer Infrastructure & Senior Managing Director chez Ardian, l’a reconnu sans détour : le malaise peut exister, souvent discret, parfois difficile à nommer, mais bien présent.
Eric Demuyt, fondateur d’Eight Advisory, a quant à lui souligné un point essentiel. La diversité n’est pas qu’une question d’équité, c’est aussi un levier de performance. Les équipes mixtes prennent des décisions plus équilibrées, plus durables et mieux adaptées aux enjeux de long terme. Pour Marion Calcine, même son de cloche ! Intégrer davantage de femmes dans la finance n’est pas seulement une exigence d’égalité, mais aussi un moyen d’améliorer la qualité des décisions, notamment grâce à une approche plus fine du risque et une vision de la croissance inscrite dans la durée.
Quand tu choisis une école, un stage ou un premier emploi, intéresse-toi à la culture de l’organisation, pas seulement à son prestige !
Dans les faits, certaines entreprises passent déjà à l’action. Mounir Corm, directeur général adjoint de Vauban Infrastructure Partners, a ainsi présenté un modèle où la parité est portée au plus haut niveau : près de 40 % de femmes au sein des équipes, des critères de promotion transparents et un congé paternité étendu figurent parmi les leviers mobilisés pour faire évoluer durablement les pratiques.
De quoi envoyer un signal clair aux lycéennes et étudiantes attirées par les chiffres, la stratégie ou l’économie : la finance n’est plus un territoire réservé. Elle devient, au contraire, un secteur à explorer, à investir et à transformer ont rappelé les différents intervenants !
