« Notre objectif est d’anticiper les besoins des entreprises et tenter d’attirer plus de personnes vers ces métiers qui recrutent », annonce Samia Ghozlane, Directrice Générale de la Grande École du Numérique, lors de la conférence de presse organisée mardi dernier. C’est la raison pour laquelle GEN_SCAN, le nouvel observatoire national des besoins en compétences et en formation numérique en France, a été créé.
Cet observatoire a été développé par la Grande École du Numérique (GEN), un groupement d’intérêt public (GIP) composé d’acteurs publics et privés. Son rôle principal consiste à étudier les besoins des entreprises dans le secteur du numérique et favoriser l’offre de formation sur le territoire français. Le but ? Limiter la pénurie des professionnels dans ces métiers.
Pourtant, selon la GEN, il est compréhensible que les acteurs de l’enseignement supérieur ne puissent anticiper les besoins du monde professionnel et adapter leurs cursus aux métiers du numérique. En effet, la transformation digitale est si dynamique qu’il est difficile d’accompagner sa progression. L’observatoire GEN_SCAN permet donc d’identifier les besoins des entreprises, les métiers en tension, mais aussi l’offre de formation en France.
La répartition des offres d’emploi dans le domaine de la Tech
Selon une étude de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et Randstad en 2022, le nombre d’offres d’emploi dans le secteur du numérique a augmenté de 66 % en 4 ans. La GEN a donc analysé les offres d’emploi publiées par le domaine d’activité au 1er janvier 2023, afin de dévoiler les métiers qui recrutent et les régions françaises dans lesquelles se concentrent les offres d’emploi.
D'après les résultats de l’observatoire, le nombre d’offres d’emploi dans le secteur du numérique est en constante croissance. Deux raisons expliquent le phénomène :
- une dynamique transformation digitale de l’économie
- un turnover (taux de renouvellement du personnel d’une entreprise) important de 25 à 30 % par an dans ce secteur de travail
Ces offres se répartissent sur toute la France, mais les résultats de la GEN démontrent un certain déséquilibre entre les régions. De fait, près de 40 % des offres se concentrent en Île-de-France. La région Auvergne-Rhône-Alpes arrive en deuxième position, avec plus de 10 000 offres publiées début 2023. Celle du centre-nord de l’Hexagone est donc sans aucun doute celle qui recherche le plus de talents dans le numérique. Par ailleurs, avec le déploiement des nouvelles technologies, les métiers émergents se font de plus en plus nombreux, augmentant ainsi la demande du marché de la Tech.
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Les métiers les plus prisés dans le numérique
« Aujourd’hui, toutes les entreprises ont besoin de spécialistes du numérique », explique Marie-Pierre Lartigue, Directrice des Opérations Réseaux & Territoires de la Grande École du Numérique. Pour cette raison, les métiers du secteur sont très sollicités, mais manquent de main-d’œuvre qualifiée, faute de formation adaptée à l’avancement technologique.
Afin de rendre compte des domaines qui recrutent davantage en 2023, l’observatoire GEN_SCAN a classé les métiers par famille.
La famille « Gestion, Pilotage »
Chef de projet digital, product manager, product owner… Tels sont les postes les plus prisés dans le numérique. Indispensables pour accompagner les entreprises dans leur transition digitale, ces derniers sont massivement recherchés.
La famille « Gestion et pilotage » est donc celle qui rassemble le plus d’offres d’emploi, avec presque un poste sur quatre à pourvoir. Le chef de projet digital est le plus plébiscité par les entreprises : il représente un poste sur huit à pourvoir dans le numérique en France.
D’après un rapport du PMI (Project Management Institute) « Project Management Job Growth and Talent Gap 2017-2027 » publié en 2017, les besoins en gestion de projet à travers le monde ne feront que s’étendre jusqu’en 2027.
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La famille « Sécurité, cloud, réseau et télécom »
Ex aequo avec la famille « Gestion et pilotage » : la famille « Sécurité, cloud, réseau et télécom » représente elle aussi un quart des offres d’emploi diffusées à échelle nationale. Avec un besoin en digitalisation marqué par la crise sanitaire liée à la Covid-19 en 2020, les entreprises se sont vues dans l’obligation de déployer ce domaine, pour certaines encore peu connu : « C’est à ce moment-là qu’on a vu une forte augmentation des besoins dans les grands bassins fortement numérisés que sont l’Île-de-France, la Bretagne et les Pays de la Loire », explique Martine Assar Leinenweber, responsable formation, Métiers et Compétences en charge de l’Observatoire des métiers de l’IMT-Institut Mines-Télécom.
Le domaine de la cybersécurité a lui aussi la cote auprès des sociétés de la Tech. « Notre baromètre sur les intentions d’embauches en France pour le 1er trimestre 2023 indique que 17 % des employeurs français comptent recruter des experts dans le domaine de la cybersécurité », précise Alain Roumilhac, président de Manpower Group France. « 38 % considèrent ce sujet comme prioritaire en termes de formation de leurs équipes existantes », ajoute-t-il.
Aujourd’hui, les métiers de réseaux et systèmes sont indispensables : l’ingénieur systèmes, le conseiller support technique et le technicien réseau sont les professionnels les plus réclamés.
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La famille « Développement, test et Ops »
Des métiers en tension, malgré une offre de formation importante. En effet, cette troisième famille représente près de 16 000 offres d’emploi répertoriées au 1er janvier 2023. Pour répondre aux attentes du marché et s’adapter aux évolutions technologiques, les entreprises recherchent des talents qualifiés et expérimentés. Par conséquent, un profil de « développeur d’applications », niveau bac+3, sera privilégié à celui de « développeur web et mobile », niveau bac+2.
Toutefois, les opportunités n’abondent pas. « Outre le problème de manque de places en formation, ce marché se transforme et devient un marché d’experts. Il n’y a donc pas tant d’opportunités d’emploi pour les nouveaux entrants sur les métiers du développement », précise Damien Cavaillès, CEO de la plateforme WeLoveDevs.com. Plus de 3000 développeurs web sont requis sur le territoire national au 1er janvier 2023.
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La famille « Data, Intelligence Artificielle, IoT »
« Les métiers de la data sont énormément demandés et les entreprises françaises sont très en avance sur le sujet, mais les demandes en formation le sont aussi », indique Marie-Pierre Lartigue, Directrice des Opérations Réseaux & Territoires de la GEN. C’est notamment le cas dans le secteur de l’IoT (Internet of things ou Internet des objets en français), qui ne recense que 235 formations en France, alors que les besoins des entreprises tendent à augmenter.
Et si la data semble essentielle au bon fonctionnement d’une entreprise et à son développement, la raison est simple pour Frédéric Bardeau, fondateur de Simplon : « Le data analyst est le nouveau développeur junior que les entreprises s’arrachaient de 2010 à 2020 ! La data est donc une priorité dans les entreprises, car c’est le premier élément pour pouvoir plus tard se lancer dans l’IA. » Le développeur IoT reste le professionnel le plus recherché par les sociétés en ce début d’année 2023, juste devant le data engineer.
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La famille « Communication digitale, marketing et e-commerce »
Avant-dernière, mais pas moins demandante : la famille « Communication digitale, marketing et e-commerce. » Celle-ci regroupe 15 % des offres d’emploi publiées en janvier 2023. Une conséquence post Covid-19, qui a augmenté la nécessité en e-commerce des entreprises. Pour rappel, nombre d’entre elles ont été dans l’obligation de se digitaliser, et ce dans un temps record.
L’ampleur des réseaux sociaux a elle aussi son impact sur les métiers de la communication digitale. En effet, il existe aujourd’hui des besoins conséquents en community management (plus de 1500 postes recherchés).
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La famille « Interface, graphisme, design »
Une demande stable pour la famille des métiers de l’infographie, de l’UX et du web design. En réalité, ce secteur est le seul à proposer plus de formations qu’il n’a de postes à offrir (2459 formations pour 1579 offres). Les profils sont donc plutôt nombreux, même si les professions du graphisme et du design continuent d’être très prisées par les entreprises. Ces dernières représentent 84 % des offres publiées par la famille « Interface, graphisme, design », au 1er janvier 2023. Cela s’explique par la montée en puissance du digital dans les entreprises ces dernières années.
Quant aux métiers du jeu vidéo, ils se situent en deuxième position dans le classement des métiers les plus recherchés, selon l’observatoire GEN_SCAN. Les offres d’emploi se concentrent principalement dans les grandes métropoles françaises. « Le poste de développeur de jeux vidéo devient de plus en plus exigeant, les recrutements s’opèrent désormais à bac+3, car les technologies à maîtriser sont de plus en plus complexes, comme tout ce qui concerne la réalité virtuelle, le métavers… », indique Frédéric Bardeau, fondateur de Simplon.
Le domaine de l’impression 3D, peu développé, sera cependant amené à évoluer dans les prochaines années, de par sa facilité à créer de nouveaux objets. « Il serait judicieux de former des professionnels de l’impression 3D pour ne pas se retrouver avec un manque de profils formés à moyen terme », préconise Martine Assar Leinenweber de l’IMT-Institut Mines-Télécom.
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Les besoins des entreprises par région
Sans surprise : l’Île-de-France apparaît en tête du classement, avec une demande plus importante dans la quasi-totalité des métiers répertoriés par GEN_SCAN, par rapport aux régions voisines.
Parmi les métiers les plus recherchés en France, on cite :
- Chef de projet digital
- Ingénieur systèmes
- Chargé e-commerce
- Développeur web
- Product manager
- etc.
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Une offre de formation incompatible avec les besoins du secteur du numérique
Plus de formations, pour plus de professionnels qualifiés. C’est sans doute ce dont a besoin le marché de la Tech pour se déployer en toute sérénité. Cependant, comme en témoignent les chiffres de l’observatoire GEN_SCAN, l’offre de cursus ne semble pas accompagner l’évolution du secteur.
Par conséquent, les offres d’emploi se multiplient, mais les diplômés du secteur se font rares. En cause : une croissance fulgurante du digital, qui ne permet pas aux cursus d’anticiper les besoins des entreprises et d’adapter leurs enseignements. « Nous manquons d’agilité pour adapter les contenus blocs de compétences et faire évoluer rapidement les formations », regrette Martine Assar Leinenweber. Au 1er janvier 2023, le territoire français recense 13 999 formations aux métiers du numérique.
D’après l’observatoire GEN_SCAN, de nombreux domaines sont en pénurie de formation. Quelques exemples :
- Les métiers de la cybersécurité, pour lesquels les formations ne sont pas adaptées aux besoins du marché du travail à l’heure actuelle
- Les métiers du Cloud, pour lesquels les personnes qui souhaitent travailler dans le domaine doivent s’auto-former
- Les métiers de l’IoT, qui ne recensent que 235 formations en France
- Les métiers de l’impression 3D, qui ne regroupent que 58 cursus sur le territoire
- etc.
La famille qui propose le plus de formations en France est celle de la « Sécurité, cloud, réseau et télécom. » Pour rappel, avec la famille « Gestion, Pilotage », c’est aussi celle qui recense le plus d’offres d’emploi en ce début d’année.
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Encore une fois, c’est la région francilienne qui rassemble la majorité des formations du pays, puisqu’elle propose à elle seule 1 formation au numérique sur 4 disponibles sur le territoire national (près de 25 %). Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine en proposent quant à elles plus de 10 % chacune. Celle qui est la moins dotée en offre de cursus est la région PACA (1/150 dans le numérique).
Pour Bruno Lucas, délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion : « La répartition des formations par région est cohérente avec la répartition des emplois du numérique. En effet, la part des métiers du numérique dans l’emploi salarié est très importante en Île-de-France, en Bretagne, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Occitanie et dans les Pays de la Loire. »
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Le constat de la GEN_SCAN est évident : le nombre de formations dans le numérique est en baisse, alors que les offres d’emploi augmentent. Un phénomène qui s’explique par la vitesse à laquelle se déploie le digital. Pour suivre au mieux cette évolution, un nouveau rapport sur les disparités entre les besoins des entreprises et l’offre de formation sur l’ensemble des territoires sera publié en septembre 2023.
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