Avec plus de 12 millions de visiteurs par an, Notre-Dame de Paris est le monument le plus visité de France et d’Europe. L’incendie qui l’a ravagé le 15 avril 2019, emportant notamment sa flèche et son toit, n’est pas parvenu à amoindrir la fascination que chacun porte au monument. Au contraire.
Près de 850 millions de dons ont été versés pour la reconstruction de la cathédrale. Ils proviennent de grandes fortunes de France ainsi que de particuliers et d’entreprises issus de 150 pays. Chacun veut apporter sa pierre à l’édifice. En première ligne : les professionnels du patrimoine bâti, comme les charpentiers, les maçons, mais aussi les facteurs d’orgue ou les vitraillistes. Ces artisans d’art ont été mis à rude épreuve par le chantier de reconstruction de Notre-Dame.
Résultat des courses : on parle d’un « effet Notre-Dame ». L’incendie ravageur a suscité l’émotion et a permis de mettre en lumière plusieurs professions, avant de faire naître des vocations.
Un boom des apprentis dans les formations en métiers d’art du patrimoine bâti
Le dernier baromètre de l’Institut supérieur des métiers (ISM) et de l’assureur Maaf, dévoilé le 4 décembre dernier, interroge un « effet Notre-Dame ». Il se caractériserait par une envolée de l’attractivité des métiers d’art.
Entre 2018 et 2023, on constate un nombre croissant de jeunes qui intègrent une formation d’art du patrimoine bâti. Le bac pro Facteur d’orgue a accueilli 160 % apprentis de plus, en 5 ans. Le titre professionnel Maçon du bâti ancien a connu un bond de +94 %. Pour la mention complémentaire Zinguerie, il s’agit d’une hausse de +84 %. Du côté du CAP Arts et techniques du verre, elle s’élève à +72 %.
Voici un tableau des hausses en apprentis dans plusieurs formations d’art du patrimoine bâti, entre 2018 et 2023 :
Formations | Hausse d’apprentis entre 2018 et 2023 |
BAC PRO – facteur d’orgues | +160 % |
TP — Maçon du Bâti ancien | +94 % |
MC — Zinguerie | +84 % |
CAP — Arts et techniques du verre | +72 % |
CAP — Ferronnier d’art | +67 % |
BP — Métiers de la pierre | +61 % |
CAP — Charpentier bois | +44 % |
CAP — Tailleur de pierre | +40 % |
CAP — Ébéniste | +31 % |
CAP — Couvreur | +23 % |
BP — Tailleur de pierre monument historique | +17 % |
BAC PRO - Interventions sur le patrimoine bâti | +13 % |
BP — Couvreur | +8 % |
Plusieurs de ces formations ont longtemps débouché sur des métiers en tension, avec une pénurie de talents. Force est de constater que Notre-Dame n’a pas fini d’émerveiller.
Paris demeure d’ailleurs la ville de l’Hexagone qui rassemble le plus grand nombre d’entreprises d’artisanat d’art et de création. 6350 entreprises y ont élu domicile selon le baromètre. Ensuite, ce sont Marseille (1360), Lyon (1210), Bordeaux (810) et Nantes (660) qui en rassemblent le plus.
« En méditerranée, de nombreuses communes ont un tissu d’entreprises plus dense que la moyenne, avec des savoir-faire de spécialités : Antibes, Avignon, Cannes, Grasse, Aubagne », précise le baromètre.
En même temps qu’une explosion du nombre de jeunes qui se forment à ces métiers, on constate un nombre de créations d’entreprises qui a doublé dans les métiers d’art et de création depuis 2017. « Il s’agit principalement d’artisans exerçant seuls et aux revenus souvent précaires », rappellent avec justesse l’ISM et la Maaf.
Enfin, l’étude évoque le rôle de facilitateur qu’a eu la réforme de l’apprentissage sur le grossissement des effectifs dans les formations d’artisanat d’art : elle « a également eu un impact positif sur la formation à ces métiers, le soutien à ces artisans travaillant souvent seuls étant décisif. »