Rebelote. Deux ans après, Sciences Po Paris est à nouveau au cœur des scandales pour une affaire de violences sexistes. Son directeur, Mathias Vicherat, a été placé en garde à vue ce week-end, avec sa compagne, pour violences conjugales réciproques. Celle-ci a été levée hier après-midi et une enquête est désormais en cours.
Une affaire qui touche tout particulièrement le monde estudiantin, notamment les étudiants de l’université française. Selon l’AFP, certains ont même bloqué son entrée ce matin, demandant la suspension du directeur. Les syndicats étudiants n’ont pas perdu de temps et prouvent leur soutien aux étudiants : ils réclament également sa démission.
En poste depuis 2021, Mathias Vicherat sera-t-il contraint de quitter le navire sous la pression, tout comme Frédéric Mion, deux ans auparavant ?
Sciences Po Paris est bloqué ce mardi 5 décembre. Une cinquantaine d’élèves sont rassemblés rue Saint-Guillaume, suite à la mise en garde à vue hier de Mathias Vicherat, le directeur de l’IEP, pour violences conjugales. @Figaro_Etudiantpic.twitter.com/2SNxfTtos4
— Paul-Henri Wallet (@phwallet) December 5, 2023
« Les agresseurs n’ont pas leur place dans nos murs »
L’affaire a engendré une pluie de réactions sur X (ex-Twitter). De nombreux syndicats étudiants se sont manifestés, condamnant les faits dont est accusé le directeur de l’école.
Mobilisée dans la lutte contre les violences faites aux femmes et les violences sexistes et sexuelles, l’organisation étudiante Nova de Sciences Po s’est exprimée dans un communiqué de presse : « Nous avons d'ores et déjà sollicité la direction de Sciences Po afin d'organiser un point de situation avec l'ensemble des organisations représentatives étudiantes dans les plus brefs délais. S'il appartient à la Justice de faire la lumière sur ces accusations, nous serons particulièrement vigilants sur les suites qui seront données à cette affaire. »
L’Unef (Union nationale des étudiants de France) est encore moins clémente et compte bien punir le directeur de Sciences Po pour ses actes présumés. « Les agresseurs n’ont pas leur place dans nos murs et nous ne pouvons tolérer ces comportements, de quelque nature que ce soit. Nous serons toujours du côté des victimes, les écouterons, et les soutiendrons », peut-on lire sur X. Le syndicat va donc jusqu’à demander indirectement la démission de Mathias Vicherat : « Victime, on te croit. Nous ne pouvons avoir un directeur auteur de violences. »
COMMUNIQUÉ
Garde à vue de Mathias Vicherat pour violences conjugales : L’UNEF Sciences Po condamne les violences et apporte son soutien total aux victimes. pic.twitter.com/jOy13vZunb
— UNEF Sciences Po (@unefsciencespo) December 4, 2023
D’un autre côté, d’autres syndicats appelleraient au respect de la présomption d’innocence. Selon Le Figaro Étudiant, le syndicat étudiant de droite UNI (Union nationale inter-universitaire) semble lui laisser le bénéfice du doute : « On ne connaît rien du dossier pour le moment. Qui est victime de qui ? C’est la question », explique Quentin Coton, responsable de l’UNI à Sciences Po, au média.
Comme un déjà-vu pour Sciences Po
L’affaire qui implique le directeur de la prestigieuse école de Paris a un goût amer pour sa communauté. En effet, elle intervient seulement deux ans après le départ de l’ancien directeur de Sciences Po, Frédéric Mion. Accusé de dissimuler des accusations d’inceste visant Olivier Duhamel, ancien président de la fondation nationale des sciences politiques (FNSP), plus de 500 étudiants, professeurs et salariés de Sciences Po réclamaient sa démission dans une lettre ouverte.
Souvent surnommée la fabrique des élites, Sciences Po cumule donc de nombreuses affaires au sujet des violences. Pourtant, peu après son arrivée, Mathias Vicherat avait assuré au journal Le Parisien que les violences sexistes et sexuelles étaient une « priorité absolue. »
Dans un message adressé hier soir aux membres du conseil d’administration de Sciences Po, Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, a indiqué que Mathias Vicherat devrait s'adresser à l’ensemble des communautés de l’établissement pour « éclaircir la situation. »