Nadia est actuellement en deuxième année de master (M2) en marketing digital, parcours Immersive design, sur le campus parisien de Rennes School of Business (SB) — un cursus qu’elle effectue en alternance à BMW Group France. Elle revient également d’une année de césure durant laquelle elle a pu effectuer deux stages de six mois chacun. Le premier l’a propulsé à la direction d’un centre commercial de Rennes, sur des missions de marketing et de communication. Le deuxième l’a menée en Martinique, sur des missions de même type, mais pour un premier groupe automobile, cette fois.
La jeune femme, originaire du Finistère, a effectué deux ans de classe préparatoire économique et commerciale (ECG) à Lorient, avant d’intégrer l’école de commerce rennaise. Au sein de cette dernière, elle s’est engagée auprès de l’association OPERA. Sa mission : informer et accompagner de jeunes Bretons, éloignés des grandes villes, et dotés d’un bon niveau scolaire, sur les poursuites d’études qui s’offrent à eux dans le supérieur — des profils qui ne sont pas sans rappeler celui de Nadia. Portrait.
D’un lycée de campagne à une école de commerce dans la capitale
« J'avais à cœur d’intégrer une école de la région », confie Nadia quant à son choix d’étudier à Rennes SB. Si l’étudiante originaire du Finistère a pu rejoindre les bancs de l’école rennaise après un cursus en prépa ECG à Lorient, le chemin n’a pas été sans embûche. Nadia aurait pu passer à côté d’études qui lui correspondent et dans lesquelles elle s’épanouit.
“Plus on est éloigné des grandes villes, a fortiori de Paris, plus l’information a du mal à parvenir jusqu’à nous - et encore plus si on est issu d’une famille modeste” explique la jeune femme. À l’issue de son baccalauréat scientifique, elle n’avait pas forcément de projet d’études précis en tête : “Je savais seulement que je ne voulais pas poursuivre mon enseignement en sciences”. Un seul crédo s’impose alors à elle : ni SVT ni physique-chimie.
En CPGE ECG, Nadia trouve son bonheur. “La classe prépa permet à la fois d’avoir davantage de temps pour réfléchir à son projet professionnel et de bénéficier d’un haut niveau académique”, résume-t-elle. Une fois son cursus en prépa achevé et ses concours passés, un nouveau chapitre de sa vie étudiante s’ouvre à Rennes SB. “Au moment d’intégrer l’école, je n’avais toujours pas de projet professionnel fixe, mais je savais qu’aucune porte ne me serait fermée à l’issue de mon cursus”, confie-t-elle. “C’était l’occasion de le mûrir”.
“Quand je suis arrivée à Paris pour mon M2, j’ai pu constater une réelle différence entre moi, d’une part, et les jeunes parisiens de l’autre : c’est fou à quel point ils sont renseignés sur les écoles autour d’eux. Ils s’informent.”
Son orientation au sein de l’école de commerce de la capitale bretonne, Nadia la doit en grande partie à elle-même. “J’ai toujours été curieuse, et ce, envers plusieurs sujets et mes possibilités de poursuite d’études en faisaient partie. Alors, j’ai eu le déclic d’aller chercher les informations en toute autonomie”, explique-t-elle. En terminale, elle se rend d’ailleurs aux portes ouvertes de l’école qu’elle intégrera plus tard, accompagnée par sa mère. Ce fut un moment clé de son orientation, lequel lui a fait notamment découvrir la vie associative de Rennes SB.
“Je pense que la force des lycées de campagne réside dans la proximité qui existe entre les professeurs et les élèves”, reconnaît Nadia. Toutefois, la Finistérienne explique qu’au moment de la conseiller sur sa poursuite d’études, ses enseignants ont échoué à s’adapter à son profil. “Ils m’ont présenté les classes prépa scientifiques, pour intégrer une école d’ingénieurs, alors même que je leur martelais bien que je ne voulais pas remettre le couvert avec les sciences. Ils ne m’ont pas parlé de la prépa économique et commerciale. Ils ne la connaissaient pas”.
Aider des jeunes qui lui ressemblent avec l’association OPERA
Lorsqu’elle entre à Rennes SB, Nadia est plongée dans le bain de la vie étudiante et de campus - deux facettes qu’elle n’avait pas pu explorer en prépa. Forte de l’aperçu de l’école qu’elle dont elle a bénéficié en terminale, lors des portes ouvertes, elle réalise très rapidement qu’elle a envie de s’engager dans une association à caractère social.
L’étudiante trouve chaussure à son pied avec l’association OPERA : Orienter et promouvoir l’excellence et la réussite par l’accompagnement. Sa mission ? Nadia en parle le mieux : “Il s’agit de guider des lycéens, plutôt bons à l’école, avec au moins 14 de moyenne générale, et boursiers”. C’est une description qui fait écho à son parcours. “Je me suis totalement reconnue dans les jeunes que j’ai accompagnés”, révèle-t-elle. “Ils peuvent vite incarner des sortes de talents gâchés s’ils s’orientent mal, à cause d’un manque d’information”.
“J’ai aimé voir, au travers de l’association, qu’il y avait des étudiants en école de commerce qui avaient envie de donner de leurs temps pour pallier les inégalités sociales qui persistent”
Par ailleurs, elle aussi a été boursière et elle a le souvenir que ça ne lui a pas toujours été favorable. “Quand on est boursier, on est un peu délaissé”, regrette-t-elle. Par exemple, elle se souvient qu’en prépa, au moment de s’inscrire aux concours d’entrée des écoles, elle a été exonérée des droits d’inscription en sa qualité de boursière.
Dès lors - en comparaison de leur attitude avec d’autres étudiants non boursiers - ses enseignants n’ont pas démontré d’intérêt particulier pour ses choix d’écoles. Décryptage : on prêtait à Nadia des motifs opportunistes, plutôt que de réelles motivations à intégrer l’une ou l’autre école. “Alors que si on est boursier, c’est justement en raison de difficultés, et pas seulement financières”, rappelle la jeune femme.
Orientation post-bac et réorientation : lutter contre l’autocensure et informer
En 2022, Nadia se présente à la présidence de l’association, avant d’être élue. “Quand on sort de prépa, on a énormément de temps libre d’un coup et j’avais envie de le mettre à profit d’un sujet qui me tenait à cœur”.
En tant que présidente d’OPERA, l’étudiante a pu prendre toute la mesure de l’action de l’association. À raison de deux mercredis après-midi par mois pour les lycéens et d’un mercredi pour les collégiens, son équipe et elle organisaient des rencontres avec plusieurs établissements de formation de l’enseignement supérieur. “On avait notre réseau d’établissements phares, mais on s’adaptait aussi à la demande des jeunes”, précise l’étudiante. Des sorties culturelles avaient aussi lieu, comme au Musée des beaux arts, par exemple.
“Il existe de véritables disparités dans l’accès à l’information sur l’orientation et cela devient encore plus difficile de s’y retrouver, à mon sens, car il y a de plus en plus de formations”
Nadia se souvient d’une fois où elle s’est rendue dans un lycée à une heure de Rennes - “pas si loin que ça de la capitale bretonne finalement” - , mais une fois sur place, une réalité l’a frappée : les lycéens avaient très peu de visibilité sur leurs options d’orientation. “Le seul fait de leur dire qu'à une heure de chez eux, il y avait Sciences Po Rennes, plusieurs écoles de commerce et des écoles d’ingé, ça changeait la donne”, s’en réjouit-elle encore.
Aujourd’hui, si Nadia n’est plus présidente d’OPERA, elle est toujours en contact avec le jeune qu’elle parrainait. “Il était très intéressé par l’économie, alors, ensemble, on a beaucoup parlé des écoles de commerce et des prépas commerciales. Je lui ai aussi donné des conseils pour Parcoursup” raconte la jeune femme. “Finalement, il a formulé plusieurs vœux, même dans des prépas parisiennes.” Résultats des courses : sa candidature a été acceptée dans plusieurs établissements renommés de la capitale.
“Je pense que sans l’action de l’association, il n’aurait jamais eu l’occasion ou le cran de postuler auprès de ces établissements”, se félicite Nadia. En fin de compte, son filleul a intégré une classe préparatoire à Rennes, avant de se réorienter - un nouveau cap auquel Nadia a participé. “Je lui avais présenté la prépa sous toutes les coutures, en lui faisant part de l’éventualité que ça puisse ne pas lui plaire, mais qu’une réorientation rapide, sans perdre de temps, était possible”.
Fort des enseignements de Nadia, le jeune homme a pu intégrer une licence universitaire économie-gestion en réorientation semestrielle. Depuis, Nadia est retournée dans ses anciens établissements scolaires pour parler de son expérience et informer d’autres jeunes. Actuellement, à ses heures perdues, elle écrit des articles et rédige des fiches de révision pour des médias spécialisés, afin d’informer et d’aider toujours plus de jeunes autour de plusieurs sujets de la vie étudiante.
Pour ce qui est de son projet professionnel, son cœur balance.“Je prends les opportunités comme elles viennent. Je vois à minima que le monde de l’automobile et celui du digital me vont bien alors pourquoi ne pas allier les deux”, conclut-elle.