L’ESJ Paris ne fait pas partie des 14 écoles de journalisme reconnues par la profession. Pour autant, l’institution aime à rappeler qu’elle a vu passer de nombreuses personnalités iconiques du monde de la littérature et du journalisme : d’Anatole France à Raymond Poincaré, en passant par Maurice Ravel ou l’ancien président de la République Gaston Doumergue.
En 2024, les rênes de l’ESJ Paris ont été confiées à l’entrepreneur Vianney d’Alançon, connu pour son travail dans le monde des bijoux et du patrimoine. Il a créé le Rocher Mistral, un parc à thème pour lequel il a été condamné à verser des dommages et intérêts à l’association France Nature Environnement et à la commune de Le Barben. En cause ? Des travaux sans autorisation qui ont été effectués sur le château de la ville.
Désormais, c’est dans les médias que se poursuit l’aventure entrepreneuriale de Vianney d’Alançon. Et pour relancer l’ESJ Paris, l’homme d’affaires a décidé de s’entourer de plusieurs fonds d’investissements et de milliardaires. Une décision décriée.
Vincent Bolloré, Bernard Arnaud et Rodolphe Saadé au capital de l’ESJ Paris
L’École supérieure de journalisme de Paris a indiqué vouloir se positionner comme un acteur « de référence dans le domaine de l'enseignement journalistique, en particulier en économie ». Pour investir massivement dans le corps professoral et les ressources technologiques, plusieurs milliardaires ont répondu présents.
Ces personnalités ne participent pas elles-mêmes au capital de l’ESJ Paris. Toutefois, elles investissent via leurs fonds respectifs. Parmi les nouveaux investisseurs, on retrouve :
- La Financière Agache (Le Parisien, les Échos, Paris-Match) de Bernard Arnault
- CMA Média (BFM TV, La Provencede Rodolphe Saadé
- La Compagnie de l’Odet (Canal+, C8, Europe 1, le Journal du Dimanche) de Vincent Bolloré
Ils ne sont pas les seuls à avoir misé sur le développement de l’ESJ Paris, puisqu’on compte également les fondateurs de Devoteam – entreprise spécialisée dans le conseil technologique -, Stanislas et Godefroy de Bentzmann, le fonds Koodenvoi de la famille Habert-Dassault ou encore le groupe Bayard Presse, créé par la congrégation religieuse des Augustins de l’Assomption.
Si ces milliardaires ont mis leur argent au service de l’ESJ Paris, aucun élément n’a été évoqué dans le communiqué de presse pour garantir l’indépendance de l’établissement vis-à-vis de ces entreprises et fonds d’investissement. Interrogé par le journalLe Monde, Pierre Savary, directeur de l’ESJ Lille – qui n’est pas liée à l’ESJ Paris – indique préférer le modèle associatif dans le monde de l’enseignement supérieur, pour lui « garant de son indépendance ».
Ce type d’établissement, autrefois très répandu, pourrait être voué à disparaître. Bon nombre d’écoles de commerce, par exemple, sous statut associatif, songent à ouvrir leur capital et opter pour le statut de SA (société anonyme). En cause ? La baisse des dotations de l’État qui les pousse à trouver des sources de financement du côté des fonds d’investissement. Un phénomène qui risque de s’accélérer avec la potentielle disparition de la CVEC. En effet, de nombreux établissements privés profitent de cette contribution à la vie étudiante et de campus pour mener à bien des projets à destination des étudiants, comme le révèle notre enquête.