« J’ai choisi la voie de l’ingénierie pour changer les choses. » C’est ce qu’affirme fièrement Alix Duthoit, une jeune étudiante en dernière année de master à Polytech Annecy-Chambéry, qui a reçu le prix de l’élève-ingénieure France, délivré par le concours Ingénieuses. Afin d’en savoir un peu plus sur son parcours, Diplomeo s’est entretenu avec Alix, une femme ingénieure pleine d’ambition.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Alix Duthoit, je suis en dernière année de cycle ingénieur à Polytech Annecy-Chambéry, en spécialité mécanique-mécatronique. Je finis actuellement mon master et j’enchaîne l’année prochaine sur un deuxième master à l’IAE de Nantes en management de l’innovation. J’opte pour ce nouveau master parce que la formation d’ingénieur est très scientifique, très technique et il me manque un peu le côté humain lié à la gestion de projet et à l’innovation.
Quel a été ton parcours académique avant d’intégrer une école d’ingénieurs ?
J’ai obtenu mon bac scientifique, spécialité mathématiques dans un lycée situé dans les Hautes-Pyrénées. Après le bac, j’ai intégré une classe préparatoire à Polytech Orléans, en mathématiques et physique. Il faut savoir qu’initialement j’ai choisi ce parcours parce que c’était celui qui me correspondait le plus. Assez généraliste, ce parcours de deux ans m’a laissé le temps de vraiment choisir ma voie, ainsi que la spécialité pour laquelle j’allais opter une fois en école d’ingénieurs.
Pourquoi avoir opté pour des études d’ingénieur ?
L’ingénierie était la meilleure manière de pouvoir créer des choses et innover afin de faciliter la vie de la société. Selon moi, l’ingénieur est la personne qui est chargée de créer, d’innover, de développer pour autrui. C’est donc une façon de pouvoir me positionner à la place de celui qui fait tout pour changer les choses et innover dans le bon sens.
Pourquoi as-tu choisi d’intégrer Polytech Annecy-Chambéry ?
Ce qui est intéressant à Polytech, c’est que nous avons deux ans de classes préparatoires, mais, à la fin de ces deux années, nous ne sommes pas cantonnés aux spécialités de l’école où on a fait la classe préparatoire. C’est-à-dire que nous avions le choix entre 80 spécialités dans 15 écoles différentes. C’est donc très avantageux dans le sens où je ne savais pas exactement ce que je voulais faire comme spécialité. Grâce à ces deux années, j’ai donc eu beaucoup de temps après le bac pour réfléchir et choisir ma voie.
Est-ce qu’être une femme a été un obstacle au cours de ton parcours ou, à l’inverse, un avantage ?
Pour mes recherches professionnelles, je n’ai eu aucune difficulté ni aucun retour sur le fait d’être une femme. En ce qui concerne l’école, je dirais que l’administration fait en sorte que l’on puisse s’exprimer si besoin. Évidemment, toutes les écoles ont des problèmes de discrimination et de violences, mais on essaye de les mettre en lumière à travers une association, la Fédération des élèves du réseau Polytech, qui donne la parole aux femmes ingénieures de nos écoles. L’idée est de montrer que les étudiantes sont là et qu’il faut arriver à travailler ensemble, sans préjugés envers les autres. Pour ma part, je suis dans une filière mécanique, qui est pour le coup très masculine et nous sommes 11 filles dans ma promo, sur 120 personnes. Il y a donc un ratio très bas de filles. Néanmoins, le fait d’être si peu nombreuses a fini par devenir une force, puisque cela nous a permis de faire notre place au sein de l’école et d’être très soudées.
Quel genre de remarques as-tu déjà entendues ?
Quand j’étais au BDE, à l’intégration, certains étudiants venaient me voir et me demandaient ce que je faisais en école d’ingénieurs alors que j’étais une fille. Ces remarques viennent quand on s’y attend le moins, il faut donc parler haut et fort et montrer que les femmes sont bel et bien là.
Au sein de ton école et en dehors, quelles actions mènes-tu pour l’égalité femmes/hommes dans le monde de l’ingénierie ?
J’ai été présidente de « Ingénieure au féminin » qui est un club de notre école. Ce club va à la rencontre des lycéennes dans les départements de la Haute-Savoie et de la Savoie pour leur parler du métier d’ingénieur. On fait des conférences, on invite des femmes ingénieures en activité et des étudiantes de l’école pour leur montrer ce qu’on fait au quotidien, quelles sont les matières enseignées en école d’ingénieur…
Cette année, avec la Fédération des élèves du réseau Polytech nous avons effectué une enquête sur le harcèlement et les violences sexuelles, et nous sommes actuellement en train de travailler avec la direction afin de mettre en place des actions de sensibilisation pour la rentrée prochaine. En parallèle de cette enquête, nous avons créé un compte Instagram qui s’appelle « Ramène ta fraise », qui relaye des témoignages d’élèves, de façon anonyme. Sur « Ramène ta fraise », les étudiants peuvent parler de leur ressenti, de leur vécu et de leurs expériences vis-à-vis de cette thématique.
Pourquoi avoir participé au concours Ingénieuses ?
Le responsable des études de l’école a fait parvenir le concours par mail, à tous les élèves de l’école. Je me suis donc dit, « pourquoi pas moi », puis je pense avoir ma place parmi les candidates du concours. J’ai décidé de postuler, en envoyant tout simplement un CV et des explications des actions que j’ai menées.
Qu’est-ce qui, dans ton parcours, a marqué les Ingénieuses ?
Au-delà de l’égalité femmes/hommes, je fais plein d’autres actions à côté, donc c’est certainement le fait de m’investir partout et de toujours pousser les filles à en faire de même, à se positionner dans des rôles clés au sein des institutions… Par exemple, je représente également l’assemblée étudiante de mon université, j’ai été responsable communication BDE, où je gérais toute la communication au sein de mon école… Enfin, cette année j’ai été membre du bureau de la Fédération des élèves du réseau Polytech.
D’après toi, qu’est-ce qui a fait la différence par rapport aux autres nominées ?
Les trois candidatures à l’élève-ingénieure France étaient très intéressantes et pertinentes, donc je ne sais pas réellement pourquoi j’ai été élue plutôt qu’elles. Une chose est sûre, nous avions toutes des parcours différents, mais tout aussi passionnants les uns que les autres. Je sais simplement qu’ils se basent surtout sur les engagements personnels et professionnels.
Que représente ce prix pour toi ?
C’est une super récompense qui fait très chaud au cœur. C’est très gratifiant de voir que tous ces engagements et le temps qu’on passe à travailler dessus est récompensé et valorisé. Même après plusieurs semaines, je suis encore un peu ébahie d’avoir reçu cette récompense.
Quelle carrière envisages-tu plus tard ?
J’aimerais bien créer ma propre entreprise et pouvoir travailler sur les villes intelligentes pour pouvoir changer la manière dont les villes sont faites. Par exemple, diminuer la consommation de l’électricité dans les villes, grâce à des lampadaires qui détectent la présence de personnes ou de voitures, afin d’éviter qu’ils soient constamment allumés. L’idée est donc d’optimiser les villes et de faire en sorte de consommer moins d’énergie, de travailler pour la planète et de faciliter la vie des habitants. En somme, mon rêve est de lutter contre le réchauffement climatique.
Quels sont tes projets futurs ?
À l’heure actuelle, je voudrais m’engager pour « Elles bougent » et devenir marraine de cette association, afin de venir en aide aux lycéens et lycéennes qui souhaitent entamer des études d’ingénieur.