Quand l’intelligence artificielle (IA) bouleverse l’enseignement supérieur. Près d’un an après son lancement, en novembre 2022, ChatGPTsemble s’inscrire durablement dans les usages des étudiants. Et ce, malgré les craintes liées à l’utilisation du Chabot par un public jeune dans le cadre des études (triche, utilisation de contenus non vérifiés, frein à l’acquisition des compétences…).
Au lycée comme dans l’enseignement supérieur, cet outil conversationnel développé par OpenAI a en effet déjà été utilisé par 74,2% des étudiants. C’est le résultat d’un sondage* de la plateforme d’apprentissage de l’anglais ISpeakSpokeSpoken, paru au printemps dernier. Il en ressort même qu’un étudiant sur deux (50,4%) utilise ChatGPT chaque semaine. Une enquête, menée sur un échantillon réduit, qui traduit un engouement certain pour cet outil.
Un outil pour mieux comprendre les concepts étudiés
Dans le détail, les étudiants se servent de ChatGPT pour rechercher des informations (23%), pour mieux comprendre ou approfondir certaines notions (15,4%) ou encore pour les dissertations ou les exposés (15,1%), révèle le sondage. Un outil qui permet à 72,5% des étudiants interrogés de mieux comprendre les concepts étudiés en classe, même si 38% des sondés ont déjà rencontré des problèmes de fiabilité ou d’exactitude des informations fournies par le robot.
source : étude ISpeakSpokeSpoken
Plus d’un étudiant sur deux (53%) dit d’ailleurs avoir recours à ChatGPT pour préparer ses devoirs, rendre des projets ou préparer des documents. Les étudiants y ont surtout recours pour leurs cours de français (25,1%) et de langues étrangères (21,4%). Pour l’Histoire-géo (11,6%), les maths (10,3%) ou la Physique-chimie (10,1%), le recours au robot conversationnel est moins fréquent.
ChatGPT, un “levier très efficace pour qui sait s’en servir”
Un usage qui ne semble en revanche pas être suivi par les profs et les écoles : seuls 15,6% d’entre eux ont mis en place des mesures préventives d'encadrement de cet outil. ChatGPT suscite en effet de fortes craintes, sur le fait qu’il puisse freiner l’acquisition des compétences des étudiants, et réduire leur esprit critique, en devenant des “experts des prompts” (nom donné aux textes que l’utilisateur écrit pour dialoguer avec ChatGPT).
“Tout dépend de la manière dont on sait se servir de l’outil”, nuance Adrien Jourdan, directeur d’ISpeakSpokeSpoken. Si ChatGPT, et les intelligences artificielles en général, “ne sont pas des baguettes magiques”, ils sont “plutôt des leviers très efficaces pour qui sait s’en servir”, ajoute-t-il. ”ChatGPT permet en revanche de rendre accessible à un très large public d’étudiants (...) l'assimilation de nouvelles connaissances”, abonde-t-il, y voyant là une “démocratisation colossale de la connaissance”.
Une IA qui te fait yes présentations PowerPoint en quelques minutes 🤯Si j’avais eu ça sous la main pendant les études avec Chat GPT… le jeu était fini 😂🎁👇🏽 pic.twitter.com/1ocP0Go9vg
— Frenchstartupper (@HuguesTrjs) February 3, 2023
Des perspectives qui n’ont pas empêché plusieurs grandes écoles et universités, comme Sciences Po Paris, d’interdire l’utilisation de ChatGPT à leurs étudiants face à des cas de triche et de plagiat, le temps de revoir les modalités d’évaluation des étudiants. Et peut-être d’adopter une utilisation de ChatGPT sous un angle pédagogique ?
* Enquête menée du 18 avril 2023 au 20 mai 2023 auprès de 244 étudiants français (64 lycéens et 180 étudiants du supérieur)