+283 % : c’est l’augmentation d’audience que le film Conclave (2024) a connue les heures qui ont suivi le décès du pape François, lundi 21 avril 2025. Il faut dire que le film a le mérite de faire la lumière sur un processus assez confidentiel : l’élection du pape par les cardinaux.
Pourquoi l’isolement du conclave ? Quels sont les candidats à la papauté ? Quel parcours est requis pour être nommé souverain pontife ? Diplomeo t’explique !
Conclave : comment ça fonctionne ?
Le conclave désigne le rassemblement des cardinaux électeurs pour élire un nouveau pape. Systématiquement, il est choisi parmi les cardinaux électeurs également. Le conclave doit commencer entre le 15ᵉ et 20ᵉ jour suivant la mort du pape ou sa renonciation au siège apostolique.
Durant toute la durée du processus, les cardinaux électeurs sont isolés et coupés du monde extérieur à Rome, entre la chapelle Sixtine pour voter et la résidence Sainte-Marthe (près de la basilique Saint-Pierre) pour prendre leurs quartiers. Le terme fait référence à cet enfermement : cum clave en latin signifie « sous clé ». L’objectif ? Prendre sa décision sans influence extérieure, loin de tout jeu politique.
Les cardinaux, réunis en Collège des cardinaux, tiennent le rôle de conseiller du pape. C’est d’ailleurs ce dernier qui a le pouvoir de les créer tout au long de son pontificat. Ils sont nommés à vie, viennent de tous les continents et sont cardinaux électeurs jusqu’à l’âge de 80 ans.
Généralement, les cardinaux sont sélectionnés parmi les hauts dignitaires de l’Église catholique, dont les archevêques, eux-mêmes préalablement nommés par le pape en fonction. Un archevêque est à la tête d’une ville et dirige plusieurs évêques. Un évêque gouverne un diocèse : une circonscription territoriale nationale. En France, un diocèse correspond en général à un département.
En avril 2025, la majorité des cardinaux en place ont été créés par le pape François (près de 150). Une soixantaine d’autres le sont devenus sous le pontificat de Benoît XVI et environ 40 sous celui de Jean-Paul II.
Pour être élu pape, un cardinal doit rassembler les deux tiers des voix des électeurs. Au lendemain de la mort du pape François, on compte 252 cardinaux au total, dont un petit moins de 140 peuvent élire le nouveau pape. Près de 90 voix sont donc requises pour que la célèbre locution « habemus papam » soit prononcée.
Le premier jour du conclave, un seul tour est prévu. « Si celui-ci n’aboutit pas d’emblée à l’élection, les trois jours suivants pourront compter jusqu’à deux scrutins par demi-journée », explique le site officiel de l’Église catholique en France. Les conclaves de 2013, 2005 et 1978 ont duré moins de trois jours.
À chaque scrutin, chacun des cardinaux électeurs inscrit le nom de son choix sur un papier. Ensuite, ils se lèvent un à un pour glisser ce bulletin dans une urne déposée sur l’autel de la chapelle Sixtine.
Le cardinal élu doit d’abord accepter de recevoir la charge pontificale. Ensuite, il choisit son nom de pape, généralement parmi des noms de saints, de figures bibliques et de prédécesseurs. Et la suite ? Une fumée blanche est produite pour s’échapper de la cheminée de la chapelle Sixtine afin d’informer la foule qu’un nouveau pape a bel et bien été élu !
Un cardinal dit papabile est un cardinal pressenti pour devenir le nouveau pape.
Au moment d’inscrire un nom sur le bulletin de vote, les cardinaux électeurs peuvent tenir compte de l’expérience en matière de diplomatie, de la vision orthodoxe ou alors plutôt progressiste et des valeurs défendues (justice sociale, fin de la corruption, protection de l’environnement, éducation, etc.) par exemple.
Zoom sur le parcours des trois derniers papes
Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont tous été ordonnés prêtres, puis nommés évêques et archevêques, avant d’être créés cardinaux. Ils sont entrés au séminaire et se sont essentiellement formés aux humanités : les lettres et la philosophie. Dans le cadre des études religieuses, il n’est pas rare de préparer une thèse pour décrocher un doctorat en théologie.
En plus d’avoir tous été baptisés catholiques, les papes ont aussi souvent un autre point commun : ils sont polyglottes. Outre le latin, qui est la langue officielle du Vatican, et d’autres langues classiques comme l’hébreu ou le grec ancien, les souverains pontifes maîtrisent plusieurs langues vivantes étrangères.
🔎 Jean-Paul II parlait le polonais, le portugais, l’italien, le français, l’espagnol, l’allemand et l’anglais. Il avait également des notions en slovaque, russe, ukrainien, japonais et tagalog (Philippines). On compte pas moins de six langues parlées par Benoît XVI : l’allemand, l’anglais, l’espagnol, l’italien, le français et le portugais. Le pape François, quant à lui, pouvait se targuer de maîtriser l’italien, l’espagnol, l’allemand, le français, l’ukrainien et le portugais.
Quelles sont les études du pape François ?
Le pape François, de son nom de baptême Jorge Mario Bergoglio, est élu en 2013, à l’âge de 76 ans. Il est né en Argentine, en 1936. Il obtient un diplôme de technicien en chimie avant d’entamer pleinement son parcours sacerdotal en 1958.
En 1963, il obtient une licence de philosophie au collège jésuite Saint-Joseph à San Miguel (Argentine). Les trois années suivantes, il enseigne la littérature et la psychologie au collège de l’Immaculée Conception de Santa Fe et au collège Salvatore de Buenos Aires.
De 1967 à 1970, il étudie la théologie et obtient son diplôme de licence au collège Saint-Joseph. Entre-temps, en 1969, il est ordonné prêtre. Dix ans plus tard, il devient recteur de cet établissement. En 1992, il est nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires avant d’être ordonné archevêque de Buenos Aires en 1998. C’est sous le pontificat de Jean-Paul II qu’il est créé cardinal, en 2001.
Quelles sont les études du pape Benoît XVI ?
Joseph Ratzinger est né en 1927, en Allemagne. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il est enrôlé dans la défense antiaérienne. Entre 1946 et 1951, le futur pape Benoît XVI étudie la philosophie et la théologie à l’École supérieure de philosophie et de théologie de Freising et à l’Université de Munich.
La même année, il est ordonné prêtre et l’année suivante, en 1951, il enseigne à l’École supérieure de Freising (un établissement qui n’existe plus aujourd’hui). En 1953, il obtient son doctorat en théologie. Sa thèse est alors intitulée : « Peuple et maison de Dieu dans la doctrine de l’Église chez saint Augustin ». Les années suivantes, il poursuit sa carrière d’enseignant de théologie dans plusieurs villes d’Allemagne, jusqu’à devenir vice-président de l’Université de Ratisbonne.
Joseph Ratzinger, avant de devenir pape, connaît une certaine notoriété dans l’univers de la théologie, grâce à plusieurs de ses publications. En 1977, le pape Paul VI le nomme archevêque de Munich et Freising. Quatre mois après, il est créé cardinal par le pape Montini. Il occupe ensuite plusieurs postes à responsabilités au sein de l’Église et participe à plusieurs conclaves. Son éloquence est remarquée. Il est élu pape en 2005.
Quelles sont les études du pape Jean-Paul II ?
Karol Józef Wojtyła est né en 1920, en Pologne. Après avoir terminé ses études secondaires, il poursuit des études de lettres à l’Université Jagellon de Cracovie. En 1939, l’établissement est fermé par les forces d’occupation nazies et Karol Józef Wojtyła est obligé de trouver un emploi. C’est au sein d’une carrière de pierre puis dans une usine chimique qu’il travaille.
En parallèle, il parvient à poursuivre sa passion pour le théâtre dans la clandestinité. Il intègre une troupe d’avant-garde et écrit plusieurs compositions théâtrales, mais également poétiques. En 1942, il suit pleinement sa voie sacerdotale et entre au séminaire. En 1946, il est ordonné prêtre et est envoyé à Rome par l’archevêque de Cracovie pour poursuivre ses études doctorales en théologie. En 1948, il soutient sa thèse dédiée à la foi dans l’œuvre de saint Jean de la Croix et obtient son doctorat.
La même année, il retourne en Pologne et reprend ses études de philosophie et de théologie. En 1953, au sein de l’Université catholique de Lublin, il soutient une nouvelle thèse intitulée « Mise en valeur de la possibilité de fonder une éthique catholique sur la base du système éthique de Max Scheler ». Ensuite, il enseigne la théologie morale et l’éthique sociale.
En 1958, le pape Pie XII le nomme évêque auxiliaire de Cracovie. En 1964, le pape Paul VI le nomme archevêque de Cracovie, avant d’être créé cardinal en 1967, près de dix ans plus tard, en 1978, Karol Wojtyla est élu pape et devient Jean-Paul II.